Les Havrais solidaires des Nantais pour dire "non" à l'aéroport. (©DR)
C’est Michel Coletta, membre du collectif NDDL-Le Havre (Notre-Dame des landes – Le Havre) qui s’est attelé au jeu des questions/réponses.
76 actu : Pouvez-vous rappeler ce qu’est ce projet d’aéroport en quelques mots ?
Michel Coletta : Ce projet conçu il y a 40 ans (pour faire atterrir le Concorde ! – ndlr), hors crise énergétique, hors crise climatique, hors crise financière, hors développement d’autres moyens de transport que l’avion, se voulait un projet d’aéroport international à la pointe occidentale d’une Europe à six membres. Ceci alors qu’il existe déjà un aéroport Nantes-Atlantique qui peut être optimisé et agrandi selon une étude indépendante (étude faite à la demande du CéDpa, collectif d’élus regroupant près de 1000 élus de nombreuses sensibilités – ndlr).
Ce projet de nouvel aéroport remis sur le tapis depuis une dizaine d’années se traduirait par un accaparement et bétonnage des terres, une destruction du bocage, de zones humides et de la biodiversité, le tout orchestré au profit d’une multinationale, Vinci, devenue le grand aménageur et assurant la confusion entre intérêts publics et privés. C’est donc contre un projet inutile, destructeur et gaspilleur qu’une mobilisation se fait partout en France. Ce combat est emblématique d’un choix de société.
Pourquoi un collectif havrais se mobilise pour un projet qui semble « loin » ?
Nous avons en mémoire le conflit qui a opposé les paysans du Larzac et des citoyens venus de la France entière à l’extension du camp militaire. Ces luttes ont en commun une résistance contre les décisions politico-bureaucratiques et une fuite en avant dangereuse : au Larzac contre une militarisation pensée comme au temps de la guerre froide, à Notre-Dame-des-Landes contre un projet démentiel d’aéroport international imaginé à la fin des Trente Glorieuses.
« Nous comptons aussi sensibiliser au Havre »
C’est pourquoi des comités locaux contre cet aéroport se sont montés partout en France (une centaine – ndlr). Le collectif havrais participe de ce mouvement national. Enfin ici, au Havre, nous sommes bien placés pour connaître les impacts négatifs de ces grands projets d’aménagement.
Quelles actions ce collectif pense-t-il mener ?
D’abord contribuer à une véritable information de la population sur ce type de projets ruineux économiquement, socialement et environnementalement. Ensuite protester contre la répression et l’occupation de la zone par les forces de l’ordre. Des habitations ont été rasées, des cultures détruites. Rien ne justifie cette violence.
Expliquer sans relâche que dans un contexte de raréfaction du pétrole, de disparition de terres agricoles et humides (l’équivalent d’un département disparaît tous les sept ans en France – ndlr), de restrictions budgétaires et de nécessaires luttes contre le changement climatique, un 140e aéroport en France est une aberration et ne se justifie que par la voracité d’un groupe, Vinci, et par la vision passéiste des pouvoirs publics du développement des territoires. Dans l’immédiat, le collectif havrais s’associe à la journée de mobilisation du 17 novembre. À la suite, il compte s’élargir et prendre d’autres initiatives d’information et de sensibilisation sur Le Havre.
- Informations pratiques :
Rassemblement
Samedi 17 novembre, à 15h, parvis sud de l’Espace Coty, au Havre
À Rouen, Europe Écologie-Les Verts demande que la violence cesse dans un communiqué diffusé le 30 octobre :
« Alors que l’État poursuit avec violence ce qu’il appelle une opération de « nettoyage » sur le site de Notre-Dame-des-Landes, Europe Écologie-Les Verts exige l’arrêt immédiat des opérations de destructions en cours et appelle au retour à la raison. EELV lance un appel à la réflexion collective sur un projet alternatif et sensé ! » précisent les élus rouennais qui appellent également à « une grande manifestation de terrain ».
