Élection à l’UMP : premières leçons

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Les défis auxquels est confronté le pays et que relèvent le Président de la République et le Gouvernement – chômage, reconquête industrielle, redressement des comptes publics, reconstruction des services publics, réorientation européenne, volonté d’éviter l’embrasement à Gaza et au Proche-Orient – sont trop lourds pour que chacun perde de vue l’essentiel.

Reste que l’élection du président du principal parti d’opposition en France est un moment du débat public. A ce titre, il mérite qu’on s’y attarde. Encore faut-il, par-delà le bruit des protagonistes et la brume des résultats, isoler les tendances qui vont dessiner le paysage de la droite dans les années qui viennent.

1. Le vrai vainqueur du scrutin interne à l’UMP, c’est le Front national.
Le Pen, père puis fille, ont ultra-droitisé Sarkozy, qui a ultra-droitisé Copé, qui a ultra-droitisé Fillon. Depuis 2002, le surmoi frontiste n’a cessé de peser dans les têtes de la droite. Chez Sarkozy, du « karcher » au débat nauséeux sur l’identité nationale en passant par le discours de Grenoble jusqu’au clip anti-immigrés diffusé la veille du second tour de la dernière présidentielle. Chez Copé et son pseudo-racisme anti-blancs avec le fameux pain au chocolat de Meaux pour cri de ralliement. Et même chez Fillon qui, lors du récent débat télévisé avec son adversaire pour la direction de l’UMP, a opéré un virage a 180 degrés en déclarant qu’en cas de confrontation FN-PS au deuxième tour d’une élection, il n’appellerait « jamais les électeurs UMP à voter pour le Parti socialiste ». La droite décomplexée, c’est la droite désinhibée. Cette pente ne sert que le FN qui peut dénoncer le tacticisme électoral des chefs de la droite tout en faisant valoir que c’est autour des mots et des propositions frontistes que se cristallise et se radicalise le positionnement de l’UMP. Avec toutefois une déchirure entre une base militante qui s’est durcie et un électorat plus divers, plus modéré aussi.

2. Ses adhérents aiment tellement l’UMP qu’ils ont préféré qu’il y en ait deux.
A la différence d’autres formations politiques, le corps électoral du parti sarkozyste est apparu moins réceptif aux tendances affirmées par les sondages – qui étaient d’autant moins pertinents pour l’occasion qu’ils ne disposaient d’aucun précédent/référent et qu’ils indiquaient les souhaits des sympathisants qui ne votaient pas ce dimanche. Certains y verront une survivance du bonapartisme qui n’aime pas qu’on dicte ses choix à la collectivité depuis l’extérieur. D’autres, une incapacité à départager deux dirigeants liés et même ligotés par leur adhésion  au sarkozysme. Unifiés dans leur rejet des enquêtes d’opinion, les adhérents n’en sont pas moins divisés dans leurs votes. Résultat : le vainqueur ne sera pas un leader, le vaincu ne sera pas abattu. Deux UMP en une, aussi : un parti qui avance sans Sarkozy mais qui vit avec l’ombre de l’ex-président.

3. 2012 : l’encéphalogramme idéologique plat de la droite
C’est le fait marquant d’un trimestre de campagne interne au sein de l’UMP : aucun citoyen ne peut, pas un éditorialiste ne parvient à établir une liste des idées de l’un des candidats ou des propositions de l’autre. Pas seulement parce que l’élection était un choc de personnalités, d’intérêts, de baronnies locales. Mais parce qu’au sein du parti sarkozyste, dresser l’inventaire de la présidence Sarkozy est impossible car interdit. Parce que tous les responsables de ce parti désormais dans l’opposition ont participé activement à la politique qu’il a mise en œuvre entre 2007 et 2012 : son bilan, c’est leur bilan ; son échec, c’est leur échec. Le congrès de l’UMP, six mois après les défaites présidentielle et législative, aurait dû être l’occasion de passer au tamis dix ans de politique économique réduite à la baisse des impôts des plus fortunés et des plus grands groupes, de politique sociale fondée sur le démantèlement de l’Etat et des services publics locaux, de politique européenne consistant à s’aligner sur les positions austéritaires de la chancelière conservatrice d’Allemagne. Rien de tout cela n’a eu lieu et n’aura lieu dans les mois qui viennent.

Raison de plus pour la majorité d’être volontaire, solidaire, exemplaire.

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