L’Opéra de Rouen exhume des documents inédits sur sa construction

(fil-fax 01/12/12)

Croquis du projet en 1951 © Maillard

Des photos, des plans, des dessins : l’Opéra de Rouen qui fête ses cinquante ans le 11 décembre revient sur son histoire avec une exposition de documents souvent inédits qui évoque la genèse et la construction de son bâtiment. Le secrétaire général adjoint de l’opéra, Laurent Bondi, a retrouvé chez la fille de l’un des architectes ,Jean Maillard, quelque 400 plans et dessins préparatoires à la construction de ce qui allait s’appeler d’abord le Théâtre des Arts (TDA). Il en a sélectionné 35 et a complété l’ensemble par 25 photos du chantier réalisées par le laboratoire Photoclair pour le compte de l’entreprise Georges Lanfry adjudicataire des travaux.

Tous ces documents nous transportent dans une époque qui nous paraît aujourd’hui bien lointaine. Les palissades de chantier sont recouvertes de “réclames“ vantant les mérites de Radiola, Danone, Arthur Martin ou encore Philips. Les voitures qui circulent sont des Citroën 2CV, des Panhard PL17 ou des Peugeot 203. Mais ils nous montrent surtout que le bâtiment envisagé dès la destruction du précédent en 1944 s’est fait attendre même si les fondations ont été entreprises dès 1953. « Faute d’argent, la construction proprement dite financée par les dommages de guerre a sans cesse été retardée et les ambitions se sont réduites comme une peau de chagrin », souligne Laurent Bondi. Outre sa scène principale, le TDA devait comprendre un conservatoire, une salle de musique et un atelier de décors qui ont été abandonnés.

Finalement, le bâtiment, à l’architecture sévère, propre à la Reconstruction, verra le jour en décembre 1962. Il compte 1.460 places soit un peu moins que le précédent théâtre inauguré en 1882 (1.580) et surtout que le premier inauguré en 1776. Ce bâtiment qui pouvait rivaliser par la taille avec les plus grandes scènes parisiennes comme le Théâtre de la Porte Saint-Martin ou le Grand Opéra comptait 1.900 places. Baptisé simplement Théâtre de Rouen, il succédait à une salle de jeu de paume reconvertie pour la scène qui était sise rue des Charrettes.

Au moment de l’inauguration le 11 décembre 1962, certains imaginent que le troisième théâtre rouennais ressemblera plus à une maison de la culture pluridisciplinaire comme André Malraux venait d’en créer au Havre et en projetait à Rennes et Grenoble. « L’art lyrique (…) ne se réservera plus comme autrefois la part du lion », assurait ainsi le journaliste Roger Parment. Il se trompait comme Malraux se trompait pour Le Havre : l’opéra apparu dans la capitale normande dès la fin du XVIIeme siècle domine toujours aujourd’hui la scène rouennaise.

• Le Théâtre des Arts, théâtre d’un architecte, jusqu’au 31 décembre. Exposition ouverte durant les spectacles.)

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