Grèce : Pour un mouvement anti-nazi unitaire !

grèceSi on s’en tenait aux chiffres et aux annonces, la situation grecque pourrait paraître désespérée : dans le dernier sondage paru, les nazis de Chryssi Avgi (Aube dorée) atteignent 13 % des intentions de vote…

Leur dernière provocation : appeler à des collectes de sang des seuls Grecs pour les seuls Grecs. 25 de leurs nervis sont aussi entrés armés dans un hôpital pour faire la chasse aux malades immigrés. Leurs dirigeants viennent de menacer l’Albanie au nom de la « Grande Grèce »… tout en quittant la salle du parlement grec au moment où les députés discutaient des réparations dues par l’Allemagne en raison des crimes nazis contre la Grèce !
En un an, trois immigrés sont morts sous les coups de bandes racistes, et il y a eu en 2012 154 agressions racistes identifiées, dont 25 dans lesquelles la police est impliquée. Et la violence est croissante : ratonnades avec chiens et armes.
Ce groupe profite de la crise, et le gouvernement ferme les yeux sur ces crimes. Tellement pratique puisqu’il dénonce les immigrés plutôt que les armateurs qui l’ont financé depuis des années !

L’extrême droite en Grèce

Depuis au moins les années 30, la Grèce a dû subir différents régimes d’extrême droite. D’abord avant guerre, avec le dictateur fasciste Metaxas. Après la victoire de la résistance contre les troupes nazies, les impérialistes, à la faveur de l’abandon de la Grèce par Staline, ont vaincu la résistance, et remis en selle les groupes d’extrême droite. De 1967 à 1974, c’est la junte des colonels qui, soutenue à bout de bras par les États-Unis, réprime le mouvement populaire qui finit pourtant, grâce à des mobilisations par faire tomber la junte et par imposer en 1981 le premier gouvernement de gauche (Pasok d’Andreas Papandreou) de l’histoire grecque.
Or, le développement de l’actuelle extrême droite provient en partie d’une sous-estimation de son insertion dans l’appareil d’État (police, armée) et de l’impunité dont ont joui et jouissent toujours ses dirigeants. Des groupuscules sont nés après 1974 avec des actes clairement terroristes pour lesquels il y eut quelques condamnations, mais aussi avec des déclarations et publications ouvertement antisémites ou nazies pour lesquels ils n’ont jamais été inquiétés. Pire, les apprentis führers ont eu droit depuis longtemps aux honneurs de la presse et de la télé…

Sous-estimation à gauche

L’acte décisif de « normalisation » de l’extrême droite fut la participation du groupe Laos au gouvernement dirigé par le Pasok il y a deux ans, sur fond de politique anti-immigrés. Ce gouvernement a ouvert l’espace recherché depuis longtemps par Aube dorée, avec le résultat que l’on sait aux élections législatives du printemps 2012.
Le désespoir qui pousse des centaines de milliers de gens à voter pour un groupe ouvertement nazi provient aussi d’un terrible nationalisme à gauche (soutien « national » à la Serbie dans les années 90) et à l’incapacité de la gauche à s’unir pour une riposte résolue aux mesures de la troïka, au racisme et aux nazis.
Il faut heureusement souligner que sur le plan local, c’est au contraire une intense activité qui se développe. Les 25 nervis nazis ont été expulsés de l’hôpital de Nikaia, et le syndicat national des médecins menace d’exclusion tout médecin qui tremperait dans la collecte de « sang grec »… Des journalistes de l’équipe de Ios font aussi un travail constant d’info sur l’extrême droite, et un livre de Dimitris Psarras sur l’histoire et la nature d’Aube dorée est sorti récemment.
Manque désormais l’essentiel : la mise en place d’un cadre national structuré de lutte unitaire contre les nazis (avec la question, débattue, de l’interdiction du groupe nazi), avec des initiatives nationales larges (manifs, concerts…) qui font aujourd’hui cruellement défaut.

D’Athènes, A. Sartzekis

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