Le suicide d’un chauffeur des transports Lohéac pose question

Jean-Marie, 54 ans, était un des plus anciens syndiqués de la CFDT chez Lohéac. Son suicide a suscité une certaine émotion parmi les employés de cette société de transports dont le siège est basé à Grand-Couronne, près de Rouen.

La mort de ce salarié, chauffeur chez Lohéac à Boulleville (Eure), intervient à un moment où la situation est pour le moins tendue dans l’entreprise. La direction a annoncé récemment la mise en place d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui prévoit 78 suppressions d’emplois. Alors la CFDT, majoritaire chez Lohéac, ne manque pas de faire un parallèle entre ce suicide et le plan social annoncé le 14 mai.

Pas de lettre d’explication

Jean-Marie, qui travaillait s’est tiré un coup de fusil de chasse dans la tête. Son corps a été découvert mardi matin 21 mai dans un bois à Courtonne-les-Deux-Eglises, un village situé près d’Orbec à la frontière du Calvados et de l’Eure à quelques kilomètres de son domicile. Il n’a laissé aucune lettre permettant de comprendre son geste, confirme le parquet de Lisieux.

Les raisons peuvent être à la fois professionnelle, personnelle ou familiale, souligne une source judiciaire. "Il est difficile de privilégier une thèse plus qu’une autre en l’état actuel des investigations confiées à la gendarmerie d’Orbec". Toutefois, le parquet de Lisieux a ordonné une autopsie qui aura lieu ce jeudi matin 23 mai à l’institut médico-légal de Caen.

Déjà un suicide il y a un an

Selon Bruno Petit, secrétaire du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) son "collègue avait une fille handicapée". "Il avait besoin de la placer dans un établissement spécialisé. Or, Il a pu avoir peur de ne pas pouvoir subvenir financièrement", analyse-t-il, mettant en avant une récente proposition de la direction de réduire le nombre d’heures de travail à 169 au lieu de 200. "La suppression de ces heures supplémentaires c’est près de 400 euros en moins sur la feuille de paie", insiste le porte parole de la CFDT.

Ce suicide n’est pas sans en rappeler un autre. En juin dernier, un salarié de l’entreprise s’était pendu dans un atelier. "Ce suicide avait été reconnu comme accident du travail par la sécurité sociale", rappelle Bruno Petit.

Le CHSCT a depuis demandé la nomination d’un cabinet d’expertise, Aliavox, pour mesurer les risques psycho-sociaux dans la société. Mais selon Bruno Petit, la direction n’a pas donné suite à cette demande. "En conséquence, le CHSCT a demandé la suspension du plan de sauvegarde de l’emploi tant que Aliavox ne sera pas autorisé à faire son expertise", prévient le représentant syndical.


Lohéac en bref
L’entreprise basée à Grand Couronne (Seine-Maritime) est scindée en plusieurs entités : Alca (conteneurs), Sterna (citerne, son cœur de métier), TLOP (bennes et transports d’engrais liquides). Elle dispose de sites à Boulleville, Vernon (Eure), Grand Couronne, Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime) et Epône (Yvelines).

Le groupe, dirigé par Daniel Lohéac, emploie 400 salariés au total (dont 100 au sein de la société TLOP), parmi lesquels 300 conducteurs


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