Syrie : alors, ça gaze ?

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Alors que les diplomaties française et britannique confirment
officiellement l’utilisation de gaz sarin en Syrie, la communauté
internationale regarde depuis deux ans le désastre se dérouler dans le pays
dont la capitale est Damas et pendant ce temps, la population
morfle…

Si les opposants au régime de Bachar El Assad –qui est tout de même médecin
à la base- pouvaient mourir en silence, cela permettrait aux diplomates d’être
un peu plus tranquilles. En effet, la répression qui s’est abattue sur eux est
du genre féroce. Pas de pitié, pas de quartiers. Ou plutôt si. Des quartiers
dévastés par une guerre civile dont les forces des protagonistes semblent pour
le moins déséquilibrées. Les opposants à Damas vivent un vrai chemin de croix,
si j’ose dire.

Malgré les images en provenance du pays que l’on ne peut qualifier du matin
calme ni même de l’après-midi serein ou de la soirée tranquille, les deux
diplomaties qui avaient su s’entendre pour déloger Kadhafi s’entendent à
nouveau pour confirmer l’information sortie par les reporters du quotidien Le
Monde comme quoi les forces de l’ordre syriennes utilisaient du gaz sarin
contre les forces du désordre. Ainsi, pour le journal, « le régime de
Bachar Al-Assad a eu recours, lors d’attaques contre l’opposition armée et la
population dans laquelle celle-ci se fond, à des gaz toxiques contenant du
sarin, puissant neurotoxique
».

Lolo Fabius lui-même, en personne, a confirmé l’information « La
France a désormais la certitude que le gaz sarin a été utilisé en Syrie à
plusieurs reprises et de façon localisée
». La Grande-Bretagne a même
confirmé la confirmation : « Nous avons obtenu des échantillons
physiologiques de Syrie qui ont été testés (…), les substances obtenues en
Syrie ont révélé la présence de gaz sarin
 » a déclaré sobrement le
porte-parole du gouvernement de Sa Très Gracieuse Majesté, qui a ajouté :
« Selon nos estimations, l’utilisation d’armes chimiques en Syrie est
très probablement du fait du régime
 » de Damas.

Mais quant à savoir si une intervention militaire du type tapis de bombe
était à l’ordre du jour pour détruire les lieux de stockage, ce qui
provoquerait certainement quelques dommages collatéraux comme des explosions
dans des lieux habités par des civils ou des fuites de gaz toxiques, la réponse
de notre diplomate en chef est claire : « nous n’en sommes pas là
». Car il est plus urgent selon lui de se concentrer sur la recherche de la
paix : « Nous ne voulons pas l’impunité, mais il ne faut pas
bloquer la conférence de paix de Genève
». Pendant que les diplomates
diplomatisent en marchant sur des œufs avec la Russie, les fondamentalistes se
battent aux côtés de opposants et pourraient bien se placer pour un éventuel
après-Bachar.

Surtout pas ! Mais ces propos semblent tout de même étranges et
contradictoires. Enfin, comme le dit Le Monde, « on ne pourra pas dire
qu’on ne savait pas
». Donc on sait et on sait que ça gaze fort pour les
Syriens. En attendant que les forces de répression arrêtent de lâcher les gaz,
on regard de loin, on compte les morts et on attend la conférence de paix dans
un coin tranquille au bord du lac Léman, à l’ombre des banques suisses. En
attendant, l’ONU qui a été saisie prend ses plus belles pincettes et son
langage le plus diplomatique pour annoncer que dans cette histoire, « il y
a des motifs raisonnables de penser que des quantités limitées de produits
chimiques ont été utilisées
». Opposants à Bachar el Assad, soyez aussi
modérés et raisonnables que l’ONU car, somme toute, ce ne seraient que des
quantités limitées.

Le mot de la fin à Paul Emile Victor, grand voyageur et spécialiste des
températures extrêmes qui n’était pas tiède lorsqu’il s’agissait de dénoncer
les atteintes aux droits humains : « La répression est à la
dictature, ce que la propagande est à la démocratie.
 »

Et j’ajouterai même, la modération à la diplomatie…

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