Brésil – Turquie : 1 partout ?

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Le pays de Pelé et celui d’Atatürk connaîtraient-ils le
printemps ? En tous cas, pour ces deux pays fans de football, il semble
que leurs jeunesses respectives aient envie de remettre la balle au
centre…

Coïncidence ou pas, les jeunesses brésilienne et turque se la jouent façon
printemps. La Turquie a commencé par mener avant le réveil brésilien. La
jeunesse de Rio, de Sao Paulo ou de Brasilia a pu reprendre l’avantage dans les
médias mondiaux, mais son homologue turque serre les dents pour ne pas être
victime d’un marquage à la culotte du pouvoir.

Dans les deux cas, le début du match a été signifié, non par un arbitre mais
par une situation finalement bénigne. Au pays du kebab, c’est le projet
d’aménagement d’une place aussi symbolique que publique, alors qu’au pays de la
samba, c’est l’augmentation du prix des transports eux aussi publics qui ont
déclenché les hostilités. Car les deux jeunesses en ont marre du cadre
politicien dans lequel évoluent les deux sociétés et le choix faits en leur nom
par des dirigeants qui sont à mille lieues des aspirations des jeunes cariocas
ou stambouliotes.

Il reste que les pyramides des âges des deux sélections, pardon, des deux
nations de statut intermédiaire entre un Occident en déclin et un tiers-monde
toujours dans l’expectative d’un plus bel horizon sont comparables. Ainsi les
manifestants de la place Taksim, en net repli, peut-être stratégique, sont-ils
les porte-parole d’une jeunesse aspirant à plus de libertés alors que leurs
collègues du pays de Gilberto Gil veulent desserrer le carcan économique qui la
freine.

Dans les deux cas, le pouvoir envoie la police qui tacle sévèrement sans
s’occuper des règles du jeu démocratique en multipliant les agressions
physiques. On retrouve donc dans les deux cas des joueurs, pardon, des
manifestants blessés dans les surfaces de réparation que constituent les
hôpitaux.

Les soigneurs ont fort à faire et les agressions des forces de l’ordre qui
sont en l’occurrence des forces du désordre mobilisent les supporters des deux
camps qui font bloc derrière leur équipe. Pour l’instant, la fédération
internationale n’ose pas sortir les cartons jaunes ou même rouges faisant
preuve d’attentisme. Par contre, les deux équipes suscitent un capital de
sympathie qui risque çà et là d’essaimer des fan-clubs à l’étranger.

Si à Istambul, les supporters anarchisants du club de Besiktas, mènent les
contre-attaques et sont en pointe dans le jeu collectif, au Brésil, ce sont
bien les dépenses considérables et inconsidérées pour la construction des
stades qui servent à la présente Coupe des Confédérations et à la prochaine
Coupe du Monde qui sont dans le collimateur des jeunes marcheurs.

Si en Turquie, les commentateurs et même les joueurs parlent de
« printemps turc », au Brésil, il est fait état d’un « réveil
brésilien », après une longue hibernation commencée sous la dictature. Pour que
la fête soit complète, il faudrait que ces deux pays soient rejoints par
d’autre pays comme l’Inde et l’Afrique du Sud pour que la fête soit mondiale,
rien n’empêchant les jeunes des autres pays de le rejoindre sur le terrain d’un
avenir meilleur.

On laissera le mot de la fin à la sagesse populaire turque qui stipule que «
On plie une jeune branche, mais pas un vieil arbre » mais
également à l’écrivain brésilien Paulo Coelho, auteurs de best-sellers
champions du monde qui a dit ou écrit un jour quelque chose comme :
« La jeunesse est ainsi, elle établit ses propres limites sans
demander si le corps supporte
».

Et ceci nonobstant les coups de matraques et les grenades lacrymogènes.
Allez, pour l’instant égalité. Brésil – Turquie, un partout, balle au
centre.

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