Les algues vertes poursuivent leur prolifération en France

 

Entre 50.000 et 100.000 m3 d’algues vertes par an sont ramassés par les collectivités de la Bretagne à la Basse-Normandie, selon le CGDD. Si les marées vertes prolifèrent, les micro-algues toxiques touchent également les Flandres et la Méditerranée.

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Dans une note de synthèse parue le 3 janvier, le Commissariat général au développement durable (CGDD) a dressé un bilan de la prolifération en France des algues vertes (principalement des ulves dues au nitrate et phosphore), et des algues microscopiques (phytoplancton) potentiellement toxiques.

La région Bretagne reste la plus touchée par le phénomène de marées vertes. En 2012, 51 plages bretonnes et 33 vasières d’estuaire ont été impactées, selon les chiffres du CGDD. Parmi les territoires bretons touchés, les baies de Saint-Brieuc, de Lannion, de Douarnenez et de la Forêt sont jugées prioritaires dans le plan national de lutte contre les algues vertes lancé en février 2010. Ces baies ont adopté une charte de territoire visant notamment d’ici à 2015, une baisse de 30% des rejets de nitrates par rapport à 2008.

La Bretagne, le Centre-Atlantique et la Basse-Normandie touchés

Sont également impactés : l’estuaire de la Rance, le Léon, les rades de Brest et de Lorient ainsi que la ria d’Étel et le golfe du Morbihan (voir la carte). Le nombre de secteurs touchés en Bretagne par les algues vertes « augmente depuis une quinzaine d’années » mais la surface de plages recouvertes – qui varie entre 1.500 et plus de 4.000 ha selon les années – est stable. « Depuis 2010, ces surfaces se situent dans le bas de la fourchette du fait de conditions météorologiques particulières (faibles pluies printanières) », souligne le CGDD.

   
Synthèse des phénomènes d’eutrophisation dans les eaux marines métropolitaines © CGDD
   

Mais les marées vertes gagnent du terrain dans d’autres régions françaises « depuis quelques années »,prévient le CGDD. De nouvelles plages sont touchées dans le Calvados, dans les havres du Cotentin, sur le littoral de Loire-Atlantique, quelques secteurs de Vendée, dont Noirmoutier, et sur les îles de Ré et Oléron.Au total, entre 50.000 et 100.000 m3 d’algues vertes sont ramassés et traités annuellement par les collectivités territoriales concernées. Cela a engendré un coût de l’ordre de 1,7 million d’euros en 2012 de la Basse-Normandie à l’Île de Ré, avec un coût par m3 de 20 euros, selon les estimations du Centre d’étude et de valorisation des algues.

Lors des chantiers de ramassage, le CGDD rappelle en outre les impacts des algues vertes décomposées pouvant libérer des niveaux d’hydrogène sulfuré (H2S) « supérieurs aux seuils de dangerosité ».

Prolifération dangereuse du phytoplancton

Les algues microscopiques (phytoplancton), « potentiellement dangereuses » pour les poissons et les coquillages, prolifèrent également en France, au débouché des fleuves ou dans les lagunes. Ces algues provoquent des eaux colorées et sont localisées des Flandres au bassin d’Arcachon et dans les lagunes de Méditerranée. « Jusqu’à plusieurs millions de cellules d’une même espèce » sont dénombrés par litre d’eau. Or, ces micro-algues « peuvent avoir des impacts sur la santé » en raison de la libération de toxines (diarrhéiques, amnésiantes, paralysantes) ainsi que sur la biodiversité et l’économie, alerte le CGDD.

Flux d’azote et de phosphore d’origine agricole

D’importants apports fluviaux en nutriments causent le développement des algues, rappelle le CGDD. Les flux d’azote liés aux nitrates en provenance des cours d’eau oscillent autour de 500.000 tonnes en 2012, liés à une baisse de la pluviométrie.

Les flux de phosphore sont quant à eux estimés à 21.000 tonnes par an de 1999 à 2011. De 1999 à 2005, ils ont été divisés par quatre « du fait de l’amélioration des performances des stations d’épuration, de la progression de l’assainissement collectif et, certainement, d’une moindre utilisation des engrais phosphatés en agriculture », explique le CGDD.

Selon les bassins hydrographiques, l’agriculture représenterait de 30% à 50% des apports en phosphore, précise-t-il. D’après les agences de l’eau, 54 % (Seine-Normandie) à 90 % (Loire-Bretagne) de l’azote présent dans les cours d’eau seraient également d’origine agricole.

La majorité des zones littorales est « cependant dans un bon état concernant les développements d’algues », souligne le CGDD. Au regard de la prolifération des algues vertes, entre l’estuaire de la Seine et l’Île de Ré, 18 secteurs, sur les 63 étudiés entre 2005 et 2010 étaient dans un état des eaux « médiocre ou mauvais ». Ils sont situés en Bretagne mais aussi sur la Côte Fleurie, dans le Calvados. « De nombreuses actions ont été entreprises en Bretagne. Elles ont permis de faire diminuer significativement les concentrations en nitrates des cours d’eau qui restent cependant encore trop élevées pour limiter les marées vertes », estime le CGDD.

Pour le phytoplancton, sur la période 2007-2012, 95 des 116 masses d’eau étudiées sur l’ensemble du littoral étaient « dans un bon ou très bon état ». Dix masses d’eau « dans un état médiocre ou mauvais » sont situées en baie de Somme et dans les lagunes méditerranéennes.

Rachida Boughriet

 

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