Gazprom et Gap, lauréats des « prix de la honte » 2014

RUSSIA-OIL-ENERGY-ENVIRONMENT-PROTESTCe sont des « prix de la honte » qui dénoncent les comportements irresponsables de certaines multinationales en matière de droits humains et d’environnement. Cette année, c’est le géant gazier russe Gazprom et le groupe textile américain Gap qui se sont vu décerner, jeudi 23 janvier, les Public eye awards 2014 par Greenpeace Suisse et la Déclaration de Berne en marge du Forum économique mondial de Davos.

Le prix du public a été attribué à Gazprom à l’issue du vote sur Internet de 280 000 personnes. En cause : le géant russe a procédé à des forages pétroliers dans la mer de Barents, en Arctique, en décembre 2013, malgré les risques importants pour l’environnement de cette zone aux écosystèmes tant uniques que fragiles. « Depuis le début des forages, l’entreprise a déjà violé plusieurs réglementations de sécurité et environnementales fédérales », dénonce Greenpeace.

L’Arctique, qui renfermerait 13 % des ressources mondiales non découvertes de pétrole (90 milliards de barils) et 30 % de celles de gaz naturel (47 000 milliards de m3), suscite les convoitises ainsi que les tensions entre les États frontaliers et avec les ONG, notamment depuis la libération du passage du Nord-Est en août dernier.

Gap épinglé pour sa présence au Bangladesh

Le conflit entre Greenpeace et Gazprom est monté d’un cran avec l’incarcération pendant deux mois en Russie de trente membres de l’équipage de l’Arctic-Sunrise, le navire de l’ONG. Les vingt-huit militants et les deux photographes – quatre Russes et vingt-six étrangers – avaient été accusés de piraterie puis de vandalisme pour avoir mené une opération contre la plateforme pétrolière russe Prirazlomnaya en mer de Pechora, à la mi-septembre. L’affaire avait entraîné l’intervention des Pays-Bas, État du pavillon du bateau, ainsi que du Tribunal international du droit de la mer, avant que les députés russes ne finissent par amnistier les militants le 18 décembre et ordonner leur libération. Depuis, le brise-glace de Greenpeace est toujours sous séquestre à Mourmansk, où il avait été arraisonné, malgré une décision contraire de la justice internationale.

Le prix du jury, quant à lui, cible Gap pour avoir refusé de signer un accord contraignant sur la protection contre les incendies et la sécurité des bâtiments au Bangladesh, après l’effondrement du Rana Plaza, un immeuble situé dans la banlieue de Dacca, dans lequel 1 127  personnes étaient mortes, en avril 2013.

Les deux ONG accusent en outre la marque américaine de bloquer des réformes essentielles pour l’amélioration des conditions de travail dans le pays en faisant la promotion de son propre programme, qu’elles considèrent comme « un pseudo-accord non contraignant contrôlé par les entreprises elles-mêmes ». Le Bangladesh est, derrière la Chine, le deuxième exportateur au monde de vêtements, secteur qui représente 80 % de ses exportations.

L’an passé, les prix de la honte avaient été décernés à la compagnie pétrolière Shell, également accusée de mener un projet hautement risqué de recherche d’énergies fossiles en Arctique, et à la banque américaine Goldman Sachs, épinglée par le jury pour son rôle dans la dette grecque.

Audrey Garric

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