Les chauves-souris font un retour spectaculaire en Europe

 

LE MONDE | • Mis à jour le | Par Laurence Caramel

Un oreillard gris (Plecotus austriacus), une espèce commune dans une grande partie de l'Europe qui ne mesure pas plus de 6 cm.

Après des décennies de déclin, les chauves-souris font un retour spectaculaire sur le continent européen. Leur nombre aurait augmenté de plus de 40 % entre 1993 et 2011, selon l’étude publiée, jeudi 30 janvier, par l’Agence européenne de l’environnement (AEE). Cette étude, la plus exhaustive jamais réalisée sur le Vieux Continent, a permis de recenser les populations de chiroptères dans 6 000 sites d’hibernation répartis dans neuf pays (Allemagne, Autriche, Hongrie, Lettonie, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Slovénie et Slovaquie).

Seize parmi les 45 espèces de chauves-souris présentes en Europe ont pu être suivies. A partir de ces observations, les scientifiques ont élaboré un indicateur permettant d’extrapoler une évolution sur l’ensemble du continent. L’étude raisonne en tendance et ne fournit aucun chiffre précis des populations. Cette méthode avait déjà été utilisée pour évaluer les populations d’oiseaux et de papillons en Europe.

SUCCÈS DES POLITIQUES DE PROTECTION

« Il est extrêmement encourageant de voir les populations de chauves-souris augmenter à nouveau après un déclin aussi massif », estime Hans Bruyninckx. Le directeur exécutif de l’Agence européenne de l’environnement attribue cette réapparition au succès des politiques de conservation mises en œuvre notamment depuis la signature du traité international Eurobats (accord sur la conservation des populations de chauves-souris européennes) en 1994. L’animal est aussi protégé par la convention de Bonn sur les espèces migratrices.

Plusieurs phénomènes avaient été responsables de la brutale disparition des mammifères volants à partir de la seconde moitié du XXsiècle : intensification de l’agriculture, morcellement et destruction des habitats naturels, usage de produits toxiques sur les toitures mais aussi campagnes volontaires de destruction.

NE PAS CRIER VICTOIRE TROP HÂTIVEMENT

L’animal, au cycle de reproduction lent, est très sensible aux perturbations de l’environnement. Ces populations soumises à des pressions d’origine naturelle ou humaine peuvent décliner très brutalement. Ce petit mammifère est considéré comme un bon indicateur de biodiversité dans la mesure où sa présence suppose l’existence concomitante des invertébrés dont il se nourrit.

L’étude appelle toutefois à ne pas crier victoire trop hâtivement : les chauves-souris demeurent des espèces vulnérables. « La protection de leurs habitats doit rester une priorité », souligne M. Bruyninckx. Le projet engagé par l’Agence européenne de l’environnement, et auquel participent, entre autres, The Bat Conservation Trust (BCT) et the Dutch Mammal Society, devrait être étendu à d’autres pays et à d’autres espèces afin de consolider ces premiers résultats.

Laurence Caramel
Journaliste au Monde

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