En Alaska, 35 000 morses se réfugient sur une plage faute de banquise

Pacific Walrus

L’énorme tache sur la photo ne représente pas une pollution maritime ou un gigantesque amas de varech. Non, ce sont pas moins de 35 000 morses rassemblés sur une plage dans le nord-ouest de l’Alaska, une migration record dans la région. En cause : le changement climatique.

 D’après les chercheurs de l’Agence nationale océanique et atmosphérique américaine (NOAA) et de l’Institut américain de géophysique (USGS), qui ont observé les animaux par voie aérienne près de Point Lay samedi 27 septembre, la principale raison de cette « cité des morses » qui grandit chaque année davantage est la fonte de la banquise provoquée par le réchauffement climatique.

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Traditionnellement, les morses du Pacifique passent l’hiver dans la mer de Béring. Les femelles mettent bas sur la banquise et utiliser la glace comme une plateforme ou un « plongeoir » pour atteindre les escargots, palourdes et vers situés au fond de l’eau, sur le plateau continental peu profond. Contrairement aux phoques, ils ne peuvent pas nager indéfiniment et se reposent donc sur la glace de mer.

Mais ces dernières années, la banquise a fondu sous l’effet de l’augmentation des températures mondiales. A la fin de l’été, la glace de mer a par exemple atteint son sixième plus bas niveau depuis 1979, date à laquelle débutent les observations satellite. Sa superficie s’est établi à 5,02 millions de km2 le 17 septembre, soit bien en deçà de la moyenne des minimums observés entre 1979 et 2012 qui, elle, s’élève à 6,1 millions de km2, selon le centre de référence en la matière, le National Snow and Ice Data Center (NSIDC) américain.

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Les glaces restantes reculent alors vers le nord, dans l’océan arctique, où les profondeurs dépassent les 3 000 mètres et où les morses n’arrivent plus à atteindre les fonds marins pour se nourrir. Ils cherchent donc refuge sur la terre ferme, sur les côtes américaines de la mer des des Tchouktches, entre la mer de Béring et l’océan arctique.

Pacific Walrus

Les rassemblements de morses dans cette région ont pour la première fois été observés en 2007, avant de se reproduire en 2009, en 2011 ou en 2012.

Les experts ne savent pas encore si ce changement de comportement de ces mammifères marins reconnaissables à leurs défenses peut avoir un impact sur leur mortalité. Mais ils estiment que les animaux perdent plus d’énergie à rechercher des proies sur terre que lorsqu’ils sont installés sur la glace. Et les bébés morses sont plus fragiles sur la terre ferme.

La semaine dernière, 50 cadavres d’animaux ont été retrouvés, sans doute tués dans une bousculade. Pour éviter de déclencher un mouvement de panique chez les pinnipèdes, le gouvernement américain a demandé aux avions et hélicoptères ne pas survoler la zone à trop basse altitude, ainsi qu’aux communautés locales de garder leurs distances, comme l’explique le Guardian.

« C’est une nouvelle preuve remarquable des dramatiques changements environnementaux liés à la fonte de la banquise, déplore Margaret Williams, directrice du programme arctique du WWF, interrogée par l’agence de presse APLes morses nous disent ce que les ours polaires nous ont dit et ce que beaucoup d’autochtones nous avaient dit : l’environnement arctique change extrêmement rapidement, c’est le moment pour le reste du monde d’en prendre connaissance mais aussi de prendre des mesures pour s’attaquer aux causes du changement climatique. »


Audrey Garric

 

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