FN, une vraie idéologie d’extrême droite?

Le lendemain de l’assassinat de Jaurès, le premier qui se présente le lendemain à son domicile pour présenter ses condoléances est Maurice Barrés. Il était son adversaire politique et idéologique le plus féroce, mais il existait un profond respect de l’engagement. Nous étions à l’époque dans les suites de l’affaire Dreyfus, à la veille de la première guerre mondiale. La presse est engagée et les propos échangés au sein même de l’Assemblée Nationale sont d’une violence inouïe, dont le plus anodin des propos serait condamné par la Justice aujourd’hui.

Après la parenthèse d’union nationale de 14 18, la violence politique reprend son cours et atteint un paroxysme avec les évènements du 6 février 34 où les ligues fascistes ont failli faire tomber la République, la Gueuse. Mauras, le Colonel de La Rocque en furent les idéologues et les petites mains. Le protocole de Sion, qui n’est qu’une mystification construite par les services secrets du Tsar Nicolas II, mais légitimés par l’opinion mondiale, puis les constructions idéologique du III° Reich, légitimés par Heidegger dans ses carnets noirs ont abouti à la prise de pouvoir de l’extrême droite en la personne du régime de vichy. Ce fut l’aboutissement de l’engagement d’intellectuels comme Céline, Drieu La Rochelle et bien d’autres moins connus.

Il est un fait que les relations coupables avec les nazis ont disqualifié la pensée de cette droite extrême et que son expression n’a pu après-guerre s’afficher ouvertement. On est alors rentré dans un mouvement souterrain, caché, mais bel et bien présent dans la 2° moitié du 20° siècle, avec Tixier Vignancourt, puis Jean Marie Le Pen.

A l’affût, présente dans des mouvements comme la Manif pour tous, cette idéologie avance désormais masquée et prospère sur les peurs et les inquiétudes de populations qui se sentent abandonnées. La 2° guerre mondiale a permis l’émergence d’institutions internationales qui rendent impossible la revendication politique d‘une idéologie antisémite ou raciste, mais dans le même temps, les réseaux sociaux diffusent ses éléments et les banalisent, se basant sur la réactivité affective et l’instant, dévoyant la démocratie par l’absence de toute réflexion, comme l’a conceptualisé Paul Virillo.

Zeev Sternell, historien et spécialiste du Fascisme retrouve aujourd’hui les mêmes relents dans l’expression de l’extrême droite que dans les années 30, lorsque la République et la gauche ont rendu les armes, préparant l’idéologie de Vichy. Pour lui, la situation est beaucoup plus grave du fait de la démultiplication des médias et de l’instantanéité de la diffusion et du relais démultiplié d’internet. Toute cette pensée est banalisée et devient légitime

Georges Pernelle, grand résistant contre Vichy dès 40 partage cette analyse et appelle à une vigilance absolue contre la diffusion pernicieuse et la légitimation de ceux qui portent ces idées masquées. Pour conclure, si au début du 20° siècle les combats idéologiques étaient d’une violence inouïe et partagés par les citoyens, il s’agissait d’un véritable combat politique.

Aujourd’hui, les mêmes idées sont à la manœuvre, mais avancent masquées, au gré des opportunités. Elles seront même portées par deux sénateurs……

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