St MICHEL Des noces de papier jugées « fragiles »

 

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ÉCONOMIE. L'union des Papeteries de Veuze à Magnac et d'Otor Papeterie Saint-Michel (OPSM) suscite bien des questions

Des noces de papier jugées « fragiles »

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Me Bernard Condat, avocat du CE de l'usine de Saint-Michel, et des salariés inquiets. (PHOTO T. KLUBA)
Me Bernard Condat, avocat du CE de l'usine de Saint-Michel, et des salariés inquiets. (PHOTO T. KLUBA)

Hier matin, Alain Dubois, le patron des Papeteries de Veuze, devait s'expliquer devant le tribunal de commerce d'Angoulême. Sa société, qui compte 92 salariés à Magnac-sur-Touvre, a traversé une tempête en 2005 et en 2006. Placée en redressement judiciaire, elle fait l'objet d'un plan dit de continuation.

Les Papeteries de Veuze doivent rembourser environ 16 millions d'euros de dettes avant 2016. Or, depuis cet automne, la société n'honore plus ses mensualités. D'où ce rendez-vous judiciaire hier matin. Un rendez-vous sans histoire, dans la mesure où Alain Dubois a présenté toutes les garanties au tribunal : les mensualités en retard viennent tout juste d'être versées sur un compte de la Caisse des dépôts et consignations.

Les sous du groupe Otor

L'affaire – somme toute très banale en période de crise économique – aurait pu passer totalement inaperçue. Seulement voilà : Alain Dubois est sous le feu des projecteurs de l'actualité économique. Le 16 juin, on apprenait qu'il se portait acquéreur de la société Otor papeterie Saint-Michel (OPSM) auprès du cartonnier et papetier Otor (un groupe en partie contrôlé par le fonds américain Carlyle). Montant de la transaction : deux euros symboliques, tout en sachant que le groupe Otor s'est engagé à injecter 7 millions d'argent frais dans OPSM, avant la cession. Dans le jargon économique, on appelle cela une recapitalisation.

« Je veux créer un nouvel ensemble cohérent, chercher des synergies et trouver des économies d'échelle. Dans un contexte difficile, il s'agit également de sauvegarder l'emploi », nous déclarait alors Alain Dubois.

Le 22 juillet, la vente d'OPSM à Alain Dubois était effective [lire notre édition de mardi]. Les noces de papier étaient consommées, non sans quelques inquiétudes parmiles 82 salariés de l'usine de Saint-Michel.

« Nous avons consulté les salariés et la majorité était opposée à cette transaction. Notre comité d'entreprise a donc émis un avis défavorable. Il ne s'agissait, bien sûr, que d'un avis consultatif », explique Jean-Luc Faucher (CGT), secrétaire du CE de Saint-Michel, mais aussi secrétaire du comité de groupe d'Otor.

Au sein d'OPSM, on a un peu l'impression d'avoir été prié de quitter un « paquebot plutôt solide pour monter sur le radeau de la Méduse ». On s'interroge : Alain Dubois, dont la société est fragile, a-t-il les reins suffisamment solides ? Bref, on juge ces noces de papier bien « fragiles ».

Des doutes et une crainte

Hier, Me Bernard Condat, l'avocat du comité d'entreprise d'OPSM s'est présenté au tribunal de commerce d'Angoulême. Il n'a pu assister à l'audience. Logique : la juridiction consulaire se penchait sur les dettes des Papeteries de Veuze, pas sur la reprise d'OPSM par Alain Dubois. Me Condat a néanmoins pu discuter avec le président du tribunal de commerce.

À l'issue de cette rencontre, l'avocat du comité d'entreprise d'OPSM a donné une conférence de presse improvisée sur les marches du palais de justice, en compagnie de salariés CGT de l'usine de Saint-Michel mais aussi des Papeteries de Veuze. Me Condat a exprimé une crainte : que l'argent versé par le groupe Otor pour recapitaliser OPSM serve à renflouer les Papeteries de Veuze. « Le montage financier manque de transparence et paraît inquiétant », a-t-il déclaré.

Auteur : olivier Sarazin
o.sarazin@sudouest.com

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