LE MEPRIS DES JEUNES

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Le mépris des jeunes

Le président de la République vient de montrer, chiffres en main, le peu de considération où la jeune génération est tenue par la droite au pouvoir. Son « plan jeunes », qu’il a présenté hier matin, à Avignon, frappe d’abord par la modestie des moyens engagés : 500 millions d’euros pour sa principale mesure, l’extension du RSA. Or les jeunes de seize à dix-huit ans sont plus de huit millions. Certes, tous ne se débattent pas dans des conditions difficiles, mais les statistiques indiquent que 20 % des jeunes vivent dans la pauvreté et que le chômage frappe 23 % d’entre eux. Ces derniers ne pourront pas toucher le RSA, puisque n’ayant pas travaillé les deux années exigées. À la modestie s’ajoute donc l’injustice d’une mesurette que Nicolas Sarkozy aura bien du mal à présenter comme un nouvel acte « révolutionnaire », après celles annoncées à l’issue du G20.

Au-delà des chiffres et du flou entourant d’autres dispositions, le plan annoncé semble être l’oeuvre

d’un pompier pyromane. Il est assez insupportable pour des enseignants exerçant dans des quartiers populaires d’entendre le président s’indigner des formations insuffisantes qui sont autant de handicaps à la recherche d’un emploi… quand le même président décide de supprimer 13 500 postes de profs cette année. Le résultat se traduit en filières supprimées, en heures de cours réduites, et c’est ainsi que le premier responsable de la politique suivie s’émeut, le temps d’un discours,

du sort des « décrocheurs ». Ainsi parle-t-il de ces jeunes, issus de familles touchées par la précarité ou le chômage et qui, faute de formateurs en nombre suffisant, quittent le système scolaire désarmés. Nicolas Sarkozy promet que, désormais, plus aucun jeune ne sera abandonné, et qu’un emploi lui sera proposé…

Pour obtenir un tel résultat, le gouvernement devrait revoir toutes ses priorités, arrêter la saignée du corps éducatif, rompre avec sa propre politique actuelle. Il faudrait être bien naïf pour y croire.

En revanche, les syndicats sauront lui rappeler ses promesses. Et dès maintenant le projet de budget pour 2010 devrait être profondément remanié. Mais pas d’illusions de ce côté-là. Au contraire, plusieurs dispositions visent à encourager les jeunes à quitter l’école dès seize ans, lesquels seront « répertoriés » et dirigés vers des emplois dont on devine le degré de précarité.

Il serait plus efficace de leur assurer une bonne formation dans les établissements plutôt que leur promettre de vagues conseils d’insertion dans le monde du travail ou de les enrôler dans un « service civique ». Or le pouvoir ne fait pas le pari de la formation de qualité pourtant indispensable pour que les futurs travailleurs maîtrisent les processus de production, répondent aux besoins de haute technicité de notre époque.

Le sort réservé à l’enseignement professionnel en atteste. En réduisant le temps de préparation du bac professionnel, on intensifie l’enseignement ou on laisse de côté des secteurs entiers du programme. Mais quand on supprime un enseignant sur deux lors des départs en retraite, on rejette d’autant les jeunes de la formation de qualité. Mais il semble que

le pouvoir actuel soit plus intéressé à livrer au patronat des salariés précaires qu’à former des travailleurs qualifiés et plus libres.

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