du 17 mai 2010
Si la droite espère que, face à la crise, les Français accepteront ses solutions, PS et PCF mettent sur la table des solutions alternatives.
La droite veut croire que la remise par le gouvernement aux syndicats de ses préconisations en vue de la future réforme des retraites va, comme l’affirme Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, “rassurer les Français” et permettre d’engager une discussion sans heurts. Prenant appui sur la proposition du gouvernement de taxer les hauts revenus, il affirme : “Le souci d’équité est au coeur de cette réforme”, avant de conclure : “Le seuil de cette taxation est maintenant l’enjeu de la discussion”.
De son côté, Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, rêve que la réforme avance sans coup férir. “Après la phase de concertation, il y aura celle des discussions puis celle des décisions”, ndique-t-il. Espérant, peut-être, comme le soulignait Xavier Bertrand, que les Français reconnaissent “que travailler un peu plus longtemps, c’est dans la logique à l’heure où chacun voit bien l’évolution de l’espérance de vie et les besoins de financement si on veut garder la retraite par répartition”. On voit bien là combien la droite entend, avec la crise, poursuivre son entreprise de culpabilisation des Français au point de nous faire croire qu’il n’y a pas d’autres solutions que d’accepter la régression sociale.
Autre son de cloche à gauche, même s’il n’est pas au diapason sur toutes les questions. Ainsi, pour Benoît Hamon, porte-parole du PS, les préconisations du ministre Éric Woerth “confirment la volonté du gouvernement de faire reculer l’âge du départ en retraite et d’allonger la durée de cotisation”, qui s’inscrit en droite ligne de ses politiques d’austérité. Pour le pouvoir, “c’est aux salariés et aux retraités de faire des sacrifices”, affirme-t-il, avant de conclure que “mécaniquement”cela conduira à une baisse généralisée des pensions. Concernant la taxation des hauts revenus et du capital, Benoît Hamon y voit “une manière de faire passer la pilule”.
Interrogé sur la volonté du gouvernement d’aligner le régime du secteur public sur celui du privé, c’est-à-dire quarante-deux ans et demi de cotisation et calcul des pensions sur les vingt-cinq meilleures années, Benoît Hamon est resté dans le flou, renvoyant aux propositions que le PS devrait dévoiler dans quelques jours et qui comportent, comme l’a expliqué la première secrétaire, Martine Aubry, “le refus de tout allongement de l’âge légal du départ à la retraite”. Autre voix, quelque peu discordante, celle de Ségolène Royal, considérant “que la modification de la durée de cotisation pourrait intervenir en dernière instance” !
Pour Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, avec ces mesures, “c’est la fin de la retraite à soixante ans qui est programmée”. En fait de discussion, comme le claironne la droite, ils “ferment” selon le dirigeant communiste, “la porte du débat sur l’augmentation des cotisations patronales pour protéger la part des profits”. De fait, la contribution solidarité mise en avant par le pouvoir “n’égratignerait” les profits que de 2 milliards. La suppression du bouclier fiscal est sur toutes les lèvres, sauf celles du gouvernement. Thierry Foucaud, sénateur PCF, défendra avec son groupe une proposition de loi en ce sens, dès jeudi.
Pour le PCF, “la retraite à soixante ans à taux plein n’est pas négociable et son financement possible”. Refonte des cotisations et paiement au même taux que les salaires pour les revenus financiers, action pour l’emploi et les salaires… sont parmi les mesures que met en débat le PCF.
La droite et le gouvernement tablent sur le fatalisme pour faire passer leur politique, la gauche sur la prise de conscience et les luttes… à suivre.
Max Staat