Retraite : les régimes complémentaires à la diète
Dans les négociations qui se sont achevées vendredi, le Medef a imposé son refus de toute augmentation des ressources.
La négociation sur les retraites complémentaires s’est achevée, vendredi, sur un projet d’accord portant très largement la marque des positions patronales. Trois syndicats, la CGT, la CGC et la CFTC, ont clairement laissé entendre qu’ils ne signeraient pas, FO se montrant hésitant. Seule la CFDT a donné une appréciation positive sur le texte, en y voyant étrangement « une correction des inégalités » induites par la réforme de 2010.
L’enjeu était de déterminer les moyens de conforter la situation financière fragilisée des régimes Arrco (auquel cotisent l’ensemble des salariés du privé) et Agirc (pour les seuls cadres). Dès le début, le patronat s’est fixé l’objectif de refuser tout effort financier supplémentaire de sa part, au nom de la « compétitivité ». Jusqu’au bout, il est resté intraitable : le projet final écarte toute hausse de cotisation, pourtant réclamée par quatre syndicats. Tout juste un rendez-vous pour débattre des ressources est-il prévu… en 2015. La principale mesure envisagée pour équilibrer les comptes est l’application aux régimes complémentaires des mesures phares de la réforme du régime général : retraite à soixante-deux ans, et taux plein à soixante-sept. À la clé, dit-on, une économie de 94 milliards d’euros, à l’horizon 2030, sur un déficit cumulé de 117 milliards. Pour autant, le Medef ne s’estimait pas rassasié.
Avec l’évidente intention d’attiser les divisions entre salariés, son texte met à contribution les cadres. Le rendement de l’Agirc (ce que rapporte un euro cotisé en pension) va être aligné sur celui, plus bas, de l’Arrco ; pour ce faire, la valeur du point Agirc ne sera revalorisée que de 0,41 % en 2011, très loin de l’inflation. Ensuite, le patronat a accepté de « stabiliser » pour une courte période (2012-2015) le taux de rendement de l’Agirc et de l’Arrco, en baisse depuis près de vingt ans. Mais, les pensions restant indexées sur les prix, leur niveau par rapport aux salaires va continuer de diminuer. La majoration pour 3 enfants élevés (10 %, au lieu de 5 % à l’Arrco, 8 % à l’Agirc) est améliorée. Sans ressources supplémentaires, cet engagement sera-t-il tenu ? interroge la CGT.
Seule réelle, mais modeste, concession : la prolongation jusqu’en 2018 du dispositif AGFF permettant de liquider la pension complémentaire en même temps que la pension de base de la Sécu. Enfin, le projet d’accord prévoit qu’un groupe de travail étudie « les éléments de mise en cohérence » des régimes Arrco et Agirc. De quoi raviver la crainte, forte à la CGC et à la CGT, d’une fusion à terme des deux institutions, au détriment de la retraite des cadres. Le Medef n’a pas hésité, vendredi, à interrompre la réunion pour tenir des conciliabules avec les seuls négociateurs de FO et de la CFDT, dans le but limpide de décrocher leur signature.