Chirac : amnésie internationale ?

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L’inénarrable Jacques Chirac aura été un personnage politique
aussi fantasque avant que pendant ou après ses deux mandats présidentiels.
Alors que l’étau se resserre autour de ses malversations présumées, l’ancien
président a trouvé une parade, le trou de mémoire…

Certes, notre Corrézien national, comme dirait Alain Marleix, n’est pas le
premier à opposer son âge avancé aux assauts de la justice. Ainsi, il n’y a pas
si longtemps, Augusto Pinochet, l’homme du 11 septembre 1973 opposa aux juges
une santé chancelante pour éviter les prétoires. Chirac, donc, reprend la
formule et nous permet, à nous, la populace ébahie, d’apprendre ou de réviser
un nouveau mot après le fameux « sidération » si
cher à Martine Aubry à propos de l’affaire Strauss-Kahn. Cette fois, c’est «
anosognosie » que même le dictionnaire de mon traitement
de texte ne connaît pas et me souligne en rouge. Un bien joli mot qui nous
permet de savoir que l’ancien président souffre d’un trouble neuropsychologique
qui ne lui permettrait pas de connaître son état ou sa maladie…

Que l’ancien président se rassure, il y a au moins soixante millions de
personnes en France qui souffrent d’anosognosie et ne connaissent pas non plus
l’état ou la maladie de l’ancien président. Ou plutôt cinquante-neuf millions
neuf cent quatre-vingt dix-neuf car au moins une personne sait que Chirac
souffre de kleptomanie et de prise illégale d’intérêts. Ce bien portant n’est
autre que Robert Bourgi, grand ami du président actuel, ancien émule de Jacques
Foccart qui conseilla de bien prestigieux chefs d’état comme feu Omar Bongo ou
les actuels et inamovibles démocrates Abdoulaye Wade ou Denis
Sassou-Nguesso.

Qui de mieux que Bourgi, peut balancer les secrets de la Françafrique au
cœur de laquelle il a évolué comme au choix un poisson dans l’eau ou un
auvergnat au comité central de l’UMP ? On retiendra tout de même que son
intervention à propos de Chirac et de Villepin, judicieusement rendue publique
alors que les deux grands hommes se retrouvent au cœur de diverses affaires
intéressant la justice et dont l’actualité reste prégnante.

Mais revenons à notre grand malade. Jacques Chirac ne peut donc se souvenir
de… ses souvenirs. Comme l’a dit si justement et finement son avocat Georges
Kiejman, « Jacques Chirac n’en est pas au point de ne pas se souvenir
de ce qu’il n’a pas fait
»… Si on a connu dans le passé un Maître Kiejman
plus inspiré dans la construction de ses argumentaires et plaidoiries, force
est de reconnaître que l’utilisation de trois négations couplée à trois verbes
dans des propositions subordonnées, imbriquées, bref à tiroirs, pourrait en
faire un prétendant à un fauteuil à l’Académie Française. Mais je m’égare.
Bref, son client donc ne souffrirait pas tant d’anosognosie que les médias
veulent bien nous le faire croire.

Revenons donc à nos mallettes bourrées de pétrodollars gabonais. On sait que
durant toute sa carrière, le mari de Bernadette a toujours eu un lien
particulier avec l’argent. Pas le pognon officiellement déclaré mais celui plus
sombre des commissions et rétro commissions, des facilités comme les frais de
bouche et les voyages de luxe payées par les deniers publics ou des amis bien
placés sur l’échelle de la fortune. Si l’ancien locataire de l’Elysée a réussi
quelque chose dans sa carrière, c’est bien de passer entre les gouttes des
averses judiciaires. Ce qu’il a réussi pour les marchés truqués, les emplois
fictifs et autres billevesées n’a aucune raison de s’arrêter en ce qui concerne
les fonds recueillis plus ou moins illégalement, des mallettes françafricaines
aux comptes en banque secrets au Japon. Le chantre de l’humour corrézien ajoute
donc une dimension planétaire à son art d’oublier les tracas domestiques :
de nationale, son amnésie est devenue internationale !

Le mot de la fin à André Frossard, journaliste qui passa du communisme au
catholicisme en ayant toutefois quelques éclairs de lucidité au cours de sa
longue carrière comme celui-ci : « La maladie la plus répandue chez
les hommes politiques est l’amnésie
».

Un conseil aux politiques : n’oubliez jamais cette citation !

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