CCCXLII.

Autre chose en ville, et qui aussi s’efface : les stations-service. On ne cesse de vouloir nous cerner avec déplacements, parcages, covoiturage, bicyclettes, autobus doux ou hard… D’accord oui, mais voilà, il n’y a plus de pompes à essence.

Ce n’est pas à regretter notez-le (si, un peu tout de même). Il fut un temps où on achetait de l’essence à la station BP de la rue Jeanne d’Arc et aussi rue St-Denis et rue Alsace-Lorraine. A l’entrée du Marché au Fleurs, sur les quais… que sais-je encore. Surtout moi qui n’ai jamais eu de bagnole et ai obtenu mon permis de conduire de façon inavouable. Enfin qu’on peut avouer, il y a prescription.

Après l’avoir raté deux fois, conduite et code, je l’ai acheté à un examinateur bienveillant. Certes, guère consciencieux ni professionnel, mais bon. Rouennais d’entre les Rouennais, je n’ai pas eu à m’en servir. Piéton un jour, piéton toujours. Et puis j’aimais tant, dans l’autobus, le buste des receveuses !

Encore une chose effacée : la permanente avisée, le petit calot, la vareuse échancrée, le doux camée ancien invitant le regard… sans parler du curieux engin qu’elle tournait avec dextérité pour oblitérer vos tickets. Avancez dans le fond, y a de la place ! Servantes de l’ordre et de l’autorité, qui chantera le charme des puissantes traminotes d’autrefois ? De nos jours, prendre le Metro offre des sensualités plus diffuses. L’expert attentif ira en bout de rame, là où se convoque la jeunesse, garçons et filles en âge de prospérer. Il s’y instruira davantage (et sur un autre terrain) qu’à la lecture des résultats des enquêtes de circulation.

Car, autre point sensible, voilà qui m’étonne encore : qu’on en soit toujours, plans après plans, décennies après décennies, à commander à d’obscurs instituts des enquêtes de circulation. Tout le monde sait que c’est le moyen commode de financer les campagnes électorales, mais reconnaissons que la ficelle semble inusable. Faut-il que le Sept passe là ou ici ? Faut-il que le Metro le croise ? Faut-il être quai haut ou quai bas ? Plus de parkinges ou moins ?

Des réponses, des solutions ? Attardons-nous au comptoir. On y apprend qu’il faut davantage de bus, de jour et de nuit, et gratuits. Qu’il faut des pistes cyclables et des cyclistes roulant dans tous les sens (y compris sur les trottoirs). Qu’il faut des parcages minute pour clients et des parcages de nuit pour habitants. Qu’il faut aussi de la place pour ma moto, mon scooter, ma voiture d’enfant…

Qu’il faut de parkings à étages bien éclairés, pas enterrés et pas trop en hauteur. Qu’il faut aussi de quoi se garer pour les gens qui travaillent et aussi pour ceux qui livrent. Qu’il faut pouvoir se garer pour l’enfant qui va à l’école, pour glisser une lettre à la boite, ou pour déposer quelqu’un au train (oh pour cinq minutes !) Et aussi, et au final, mais je me répète, qu’il faut rouvrir les pompes à essence.

Et pourquoi donc ? Mais mon cher, pour l’esthétisme. Uniquement.

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