La Polynésie menacée de disparaître

Trois jours après la Conférence de Durban, la réalité s’impose

15 décembre 2011 Céline TABOU

Le colloque sur le réchauffement climatique tenu à Tahiti mardi 13 décembre a réuni des scientifiques de plusieurs pays, dont la région Pacifique, de France et de l’Union européenne.

Certains représentants politiques des îles de Polynésie étaient également présents pour alerter de la disparition prochaine par la montée des eaux de certaines des 118 îles de Polynésie française.

L’ Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont participé à cet évènement en marge de la Conférence mondiale sur le Climat, à Durban.

Montée inquiétante des eaux

Les 118 îles de Polynésie, dont 67 habitées, sont réparties sur une surface d’environ 4.167 km carrés, dans le Sud de l’océan Pacifique. Les experts estiment que la montée des eaux devrait toucher directement les 270.000 habitants d’ici la fin du siècle. Celle-ci est évaluée à environ 50 centimètres d’ici à 2100, en estimation basse, si le réchauffement climatique ne s’accélère pas, a indiqué l’“Agence France Presse”.

L’inquiétude se pose sur les îles hautes, telles que Tahiti, Moorea, Raiatea ou Bora Bora, qui sont les plus peuplées et devraient être sévèrement affectées par une hausse du niveau de l’océan de plusieurs dizaines de centimètres. L’aménagement du territoire fait que les principales infrastructures, comme les ports, les aéroports, les routes et les bâtiments scolaires, sont situées sur le littoral, et très urbanisées.

« La sécurité civile et la sécurité alimentaire sont en jeu, et nous préparons un plan climatique, que nous déposerons au Sommet Rio +20 en juin 2012 », a déclaré Jacky Bryant, le ministre de l’Environnement de la Polynésie française. « Le déplacement des populations est une piste tout à fait sérieuse de ce plan », a ajouté ce dernier. Face à l’absence de mesures concrètes et précises sur l’environnement, les dirigeants des territoires insulaires et les plus touchés sont soucieux de l’avenir.

Petits États contre gros pollueurs

« Ce que je reproche aux grands pays industrialisés, c’est qu’ils ont les moyens et qu’ils ne font rien, alors qu’ils sont la cause majeure du changement climatique », a exprimé Félix Barsinas, maire de Tahuata, petite île de l’archipel des Marquises, à l’“AFP”. Certains spécialistes restent optimistes et admettent qu’avec des politiques volontaristes répondant à l’urgence de la situation, puis sur le long terme, « il est encore temps d’agir sur le développement du littoral », a indiqué Alexandre Magnan, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDRI).

« Le vrai problème, c’est que ces questions de changement climatique se posent sur des temps assez longs, alors que les politiques d’aménagement, elles, sont des questions d’aujourd’hui », a ajouté ce dernier. L’accord mitigé signé à Durban a certes donné un espoir aux hauts dirigeants, mais les représentants des zones les plus touchées restent toujours dans l’incertitude face aux politiques menées ou à mener. L’an dernier, l’ONERC avait rendu un rapport mettant en avant plus de 200 propositions pour éviter le pire des scénarios et permettre à toutes les régions françaises de se développer durablement.

Céline Tabou

 

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