Rouen, métropole en Normandie

Avec 650 000 habitants dans son aire urbaine, Rouen a la taille d’une métropole. Pourtant elle est à juste titre surnommée « la belle endormie » ou encore « la métropole oubliée », titre d’un ouvrage universitaire sous la coordination d’Yves Guermond de l’Université de Rouen.
Avec ces deux surnoms, la ville fait pâle figure au sein du paysage métropolitain français dont elle est souvent oubliée. Pourtant celle qui fut longtemps la deuxième ville française jadis surnommée la « deuxième Lyonnaise », capitale du duché de Normandie, abritant le plus grand port français jusqu’au lendemain de la 1ère Guerre Mondiale a l’histoire pour elle. Comment cette ville au coeur d’un bassin d’emploi de plus de 800 000 habitants a pu en arriver là ? Pourquoi et  comment cet héritage si prestigieux a t-il été gâché ?
Les réponses sont nombreuses : division de la rive gauche et de la rive droite (la Seine comme frontière socio-économique), concurrence du Havre au 20ème siècle, proximité de Paris, manque d’infrastructures, élus incompétents, région sinistrée, trop forte dépendance économique, climat peu favorable…
Si Rouen a la taille et les habits d’une métropole (comme Grenoble, Rennes ou Nantes), elle ne semble pas en avoir tous les attributs. 
En effet, Rouen est bien un capitale régionale mais sa région a été arbitrairement coupée en deux. Son influence a donc du se limiter à une demi-Normandie. Rouen a bien la taille d’une métropole mais elle souffre d’un complexe d’infériorité. A un peu plus de 100km de Paris dont elle est très mal reliée, elle a vu et voit encore les sièges sociaux d’entreprises nées dans son giron fuir vers Paris. Bien pire encore, lors de réorganisations administratives, faute d’une union Normande, les administrations s’installent quant à elle à Lille ou à Rennes (cette dernière est pourtant moins peuplé que Rouen).
Mais si la Normandie était réunifiée, alors Rouen pourrait s’épanouir au sein d’une région qui fut longtemps la fierté française. Des coopérations seraient ainsi nouées entre les fameuses métropoles normandes (Caen, le Havre et Rouen) et les projets concernant la Normandie seraient portés de façon commune à l’Etat ou l’Union Européenne.
La division de la Normandie est donc à l’origine de la perte d’influence de Rouen dans le paysage métropolitain. Si Caen a bénéficié d’un statut de capitale régionale depuis la naissance des régions, elle souffre également aujourd’hui faute d’une vraie région. Rouen qui était au lendemain de la 2nde Guerre Mondiale une ville qui compte en France a depuis perdu cet aura.
Pour que Rouen retrouve son statut de métropole, il faut l’inscrire absolument dans un contexte Normand. Il en va bien sûr de l’avenir de Rouen comme celui de Rouen. En effet, sans capitale normande, la Normandie risque de se retrouver sans métropole alors que les régions françaises qui auront une place à l’avenir seront celles qui auront des métropoles. Or, seul Rouen peut revendiquer ce statut de métropole en Normandie. Ni Caen, ni le Havre n’ont la taille ni la légitimité pour l’être.
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