J’ai vu un poisson volant

C’était la première fois qu’il venait me voir.

Son docteur traitant ( mon ancien maître Jedi) étant parti en retraite depuis janvier, il s’est tourné vers moi pour prendre la suite des opérations.

Rien de très difficile. Une HTA bien maitrisée par son traitement, une hypercholestérolémie.

Le cardiologue a été consulté il y a peu. Il a donné sa bénédiction sur son traitement.

Tout va bien mais au fil de la discussion, les petites choses s’éclairent peu à peu.

Ce n’était pas écrit dans le dossier mais j’étais face à un « poisson volant ».

Un vrai comme on nous en montre parfois à la télé.

Il était devant moi.

Là, assis sur mon fauteuil.

Quelques petites phrases m’ont alerté :

« J’suis devenu, après 30 ans de carrière de directeur de bureau d’étude et depuis ma retraite patron d’une PME. J’ai fondé avec quelques jeunes ingénieurs une nouvelle structure : une petite boite d’une dizaine de personnes. Cela fonctionne bien entre mon expérience et leur dynamisme. » : Mouais, un patron quoi.

 » Dans quelques années, je leur laisserai les clés.  Ils sont plutôt bien payés et ont un intéressement. Pourquoi je les paierai mal. Ce n’est pas mon intérêt.  » : moins fréquent comme réflexion

« Je n’aime pas le terme de charges sociales. Il ne faut jamais oublier que les charges c’est la contribution de chacun à travers les cotisations… » : curieux , on dirait du Gérard Filloche.

« Vous savez, je suis plutôt de gauche et j’ai un temps essayé de rentrer dans les organisations représentatives (Medef local) . Ohlalalala. J’ai vite arrêté car on m’a fait comprendre que je n’avais pas la même façon d’envisager le travail des salariés au sein de l’entreprise.. »

Je lui ai dit que moi aussi parfois j’avais le même sentiment de solitude lors de réunions avec des confrères….

Je l’ai ensuite entendu me raconter l’histoire d’un de ses potes patron d’une petite PME mise en liquidation dans les prochaines semaines. Une entreprise saine qui se casse la binette par manque de paiement de deux gros contrats toujours impayés par deux grosses boites françaises du pétrole et du rail…Dépité d’entendre toujours les mêmes leçons sur les adequations nécessaires entre la grosse industrie, les grosses boites et les PME.

Bref, j’ai vu un poisson volant.

« Il y a des patrons de gauche ! »

« Il y a aussi des poissons volants mais qui ne constituent pas la majorité du genre »

Répliques du film d’Henri Verneuil: « Le Président » (1961) avec Jean Gabin, Bernard Blier sur des lialogues d’après le roman homonyme de Georges Simenon et des dialogues de Michel Audiard.

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