Faut il voter le Pacte européen de stabilité ? Faut il un Référendum ?

Les expressions « toniques » de Daniel Cohn Bendit et d’Eva Joly à propos du futur examen parlementaire du Pacte européen de stabilité (TSCG) ont fait la une des médias à l’ouverture des Journées d’été d’EELV.

Leur premier effet fut, c’est ainsi tous les ans, de « voler la vedette » aux organisateurs, à commencer par le nouveau secrétaire national, Pascal Durand. C’est bien dommage. Vu de loin, c’est même un peu « agaçant ».

Les échanges, déjà passionnés, traversent toutes les formations politiques de gauche ainsi que la société civile. Je ne ferai donc pas le reproche à ses protagonistes les plus … impatients, d’avoir « mis les pieds dans le plat » de cette controverse aussi annoncée qu’inévitable, en dépit de son parfum un tantinet rétro.

Je leur en veux juste d’avoir sifflé fin de ma pause estivale. J’avais fait l’impasse sur Poitiers pour jouer les prolongations. J’ai suivi les débats et relu un peu plus la presse pour me former une opinion, que voici.

En forme de double NON, au TSCG et au Référendum.

 

Ni vote pour le TSCG

A cette date, la balance des arguments penche à mon sens clairement pour un vote NON des parlementaires écologistes au TSCG.

Les « contreparties » concédées à François Hollande par Angela Merkel ne modifient pas l’(le des)équilibre du pacte de stabilité. L’austérité sera bien le seul projet commun, ses effets seront immédiats la différence des promesses renvoyées à plus tard.

Je m’en tiendrai ici à trois raisons principales de dire non :

  • Le remède risque de s’avérer pire que le mal : la purge infligée aux Etats (la Grèce!) , aux pouvoirs publics, aux économies renforcera les inégalités et la paupérisation de très larges secteurs des populations tout en ôtant aux Etats de plus en plus privés de recettes fiscales les moyens d ’assurer la solidarité ou d’investir en faveur de l’intérêt général.
  • L’analyse de la crise qui sous tend ce choix est contestable : n’en déplaise aux libéraux, la crise n’est pas d’abord une crise de la dépense publique (les états et les citoyens qui vivraient « au dessus de leurs moyens »). C’est d’abord la crise de la financiarisation outrancière de l’économie (les subprimes, les inégalités extravagantes, les paradis fiscaux…). C’est aussi une crise du mode développement  (productivisme, épuisement des ressources).
  • Le déséquilibre : on peut partager le souci de rééquilibrage des comptes publics et pourquoi pas d’une certaine rigueur. C’est juste insoutenable si ces efforts ne sont pas reliés à de nouveaux projets de vivre ensemble, au niveau des territoires locaux comme transnationaux. L’interdiction sans discernement des déficits publics doit laisser place à un projet politique mobilisateur : investir dans l’avenir (éducation, recherche, conversion écologique de l’économie, transition énergétique, mobilités durables…de la bonne dette !), mettre en chantier un grand soir fiscal destiné à harmoniser, à progressivement supprimer le dumping à l’intérieur de l’Union, faire le ménage dans les avantages indus de l’économie carbonée et des plus favorisés des citoyens. Faute de quoi c’est le risque d’un fatal décrochage qui pointe : rejet populaire de l’Europe, replis, nationalisme, montée irrésistible des égoïsmes et des sources de conflits. Brrrr…

 

Ni Référendum

Je ne suis pas convaincu, pas du tout, par les arguments des amis qui nous proposent de « rejouer le match de 2005 » avec un nouveau référendum. 3 raisons principales aussi :

  • Ce mauvais Traité ne mérite pas tant d’honneurs : quel intérêt de l’adopter/ le rejeter par référendum sinon pour renforcer son poids. La règle d’or, contrairement au vœu de Sarkozy ne sera pas constitutionnalisée. Et pourquoi ajouter la résignation à l’angoisse : dire à des citoyens inquiets pour leur proche avenir que si le Traité est adopté l’austérité sera gravée dans le marbre pour l’éternité, ne peut qu’aggraver le découragement et la démobilisation. Or, ce que la loi fait, l’évolution des situations politiques et des rapports de force en Europe peut bien sur le défaire demain. Il est curieux que certains chantres patentés du volontarisme en politique accréditent finalement l’idée de l’impuissance de la politique et de la vanité de toute régulation.
  • Le Référendum  c’est comme le Canady dry. Nous sommes le seul pays européen à tant aimer élire notre Président et nous jouer des référendums nationaux confondus avec la quintessence démocratique. Sans doute parce que ces deux modes de scrutins, « dramatisés », font la part belle aux hommes providentiels et aux grandes gueules. Qu’attendre d’une nouvelle séquence de politique spectacle où tous les démagogues patentés, les Le Pen, les Dupont Aignan, les ultra chasseurs, les pollueurs divers viendront accabler « l’Europe » pour mieux masquer leur nationalisme ou leur corporatisme. La Démocratie ? Un peu plus de Populisme !
  • Nous avons mieux à faire. Pour peser demain en Europe, convaincre que d’autres choix sont possibles, il faut déjà réussir à convaincre la population qu’on peut faire autrement, dans notre pays. Alors que des coalitions politiques des gauches et des écologistes, sont aux responsabilités à tous les niveaux institutionnels, nous avons mieux à faire qu’épuiser nos énergies à débattre et décider d’un TCSG qui n’a que le visage de l’Europe politique et libérale qui est celle d’aujourd’hui.Investir ou non dans l’éducation, créer des activités, des entreprises et des emplois nouveaux d’utilité sociale et écologique, concrétiser la transition énergétique, démocratiser et décentraliser notre pays… voilà des défis, difficiles à relever, qui compteront plus pour la possibilité même de la transformation sociale et pour l’Europe de demain que le vote de ce TSCG. Et si vraiment on reste en manque de référendums, autant choisir des sujets sur lesquels nous ne nous ferons pas croire à nous mêmes que nous changeons l’Europe à nous tous seuls et sur lesquels avons des choix à opérer. Par exemple, au terme du débat sur l’énergie, sur la relance ou la sortie du nucléaire, ou d’un vaste débat dans tous les territoires, sur une grande loi de décentralisation, de démocratisation, de modernisation des collectivités et de fin du cumul des mandats !

 

Bien sur il s’agit de ma modeste opinion, en attendant la position qui sera collectivement mise au point par le parti EELV national en coordination avec les parlementaires auxquels il reviendra de voter.

Position susceptible d’évoluer en cas de renégociation ou d’évolution.. que toutefois rien ne laisse présager ???

Posts created 162

Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut