L’accident du pont Mathilde : Oui un contournement est indispensable.

 
 

Lundi matin, en plein trafic, un camion-citerne a pris feu sur le pont Mathilde, au coeur de la Ville. Ce poids-lourd, en transit sur notre agglomération, transportait 22 000 litres de gas-oil et 9000 litres de super. Cet accident, spectaculaire, aurait pu être d’une extrême gravité et lourd en coût humain. Il n’en est fort heureusement rien, mais on n’ose imaginer le drame qu’il aurait pu générer, en d’autres circonstances. Pourtant, par ses conséquences, cet accident risque de perturber, pendant des mois, la circulation dans notre ville et notre agglomération.
 
 
Au vu des premiers constats, la solidité du pont pourrait être affectée, ce qui pourrait nous priver durablement d’un franchissement canalisant quelques 80.000 véhicules chaque jour. Toute la fragilité du réseau routier de l’agglomération nous apparaît aujourd’hui cruellement. En dehors même d’un accident toujours possible, les moindres travaux sur un des axes privilégiés (le carrefour Saint-Paul, par exemple) perturbent également toute la circulation. Ce sont donc les conditions de vie des habitants qui se trouvent malheureusement affectées (dégradation de la qualité de l’air, augmentation du bruit), l’équilibre fragile du déplacement urbain qui se trouve mis à mal, avec des conséquences économiques, environnementales et sanitaires vraisemblablement graves si elles devaient perdurer.
 
 
Le plan de circulation annoncé cet après-midi par le Préfet de Région a pour objet de faire face à l’urgence de la situation, mais ne doit pas occulter la question de fond : comment éviter la circulation de transit des poids-lourd au coeur de la capitale normande. Ni le pont Mathilde, ni le pont Flaubert, ni même le pont de Brotonne (lui même vieillissant et limité à la circulation) ne peuvent répondre à cette exigence.

Plusieurs mesures s’imposent:
 
 
– à brève échéance, et de façon pragmatique, nous devrons étudier l’impact des premières mesures prises, et si besoin, adapter le plan de contournement de l’agglomération pour atténuer les conséquences de la fermeture du pont Mathilde. Le trafic de transit (qui traverse la ville sans s’y arrêter) doit être détourné des zones habitées. Dans les limites de la ville, il convient aussi de corriger certaines mesures récentes (sens interdits ineptes, feux tricolores sur-ajoutés, comme sur la route de neufchâtel..) qui aggravent la situation au lieu de la soulager.
 
 
– nous devons engager rapidement, de façon durable et pérène des actions sur les déplacements doux, au sein de l’agglomération, en incitant nos concitoyens à laisser leurs véhicules au garage : par une offre en transport en commun conséquente et adaptée, des parkings relais, des tarifs attractifs, une politique vélo ambitieuse, un vrai réseau de pistes cyclables, des incitations à se déplacer autrement, comme cela se fait déjà dans d’autres villes françaises et européennes. Sans attendre, la réalisation de tram-trains vers Barentin et Elbeuf doit elle aussi être remise à l’étude, comme la reprise de la liaison ferroviaire entre Evreux et Rouen afin de favoriser les déplacements domicile-travail de bon nombre de nos concitoyens.
 

– au delà de l’urgence, c’est le contournement Est de l’agglomération qu’il faut réactiver. Ce dossier est aujourd’hui au point mort malgré la présence de plusieurs personnalités locales au gouvernement, même si ces derniers jours le tracé reliant l’A13 à l’A28, datant de 2005 semble être réactivé. Au delà de la violette de Rouen, l’obstacle financier qui sert souvent de prétexte à l’urgence de l’attente, peut être surmonté avec une formule de concession étalée sur 50 ans par exemple. Pour les habitants de l’agglomération, un tarif privilégié de péage pourrait être mis en place comme l’ont fait d’autres grandes villes françaises ou européennes. A l’heure où s’ouvre à Paris un nouveau colloque sur l’avenir de l’axe Seine, le Grand-Paris ne saurait absorber l’essentiel des efforts en matière d’infrastructures de transport. Assurer la continuité autoroutière est notre priorité. D’autres perspectives doivent également être étudiées, à l’Ouest de l’agglomération, n’en déplaise aux conservatismes locaux. On ne saurait abandonner le sort de 500 000 habitants et l’avenir économique d’une région.

 
L’urgence du contournement de Rouen est malheureusement aujourd’hui évidente, au risque d’aggraver la situation économique d’un bassin d’emploi durement touché par la crise et de continuer à menacer la santé des populations. C’est aujourd’hui une question d’intérêt public qui doit trouver rapidement une réponse.

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