Pour une année de vérité

Je n’ai publié aucun billet sur mon blog depuis septembre 2012. Cela ne signifie évidemment pas que je n’ai eu aucune activité dans cette période, y compris sur la toile (via facebook), bien au contraire. Mais, en plus du temps dont cette intense activité m’a privé, j’ai souhaité observer ce qui se tramait dans le débat public, avant d’y reprendre ici ma modeste place. Le début de l’année m’invite à ce retour, car il est le moment des voeux. Après les nombreuses polémiques survenues depuis l’automne, je souhaite que 2013 replace la vérité au coeur de la vie politique. C’est d’ailleurs ce que le Président de la République a suggéré en venant récemment, en Haute-Normandie, célébrer la mémoire de Pierre Mendès-France. Cela me semble essentiel, car les critiques adressées aux socialistes par l’opposition de droite et celles que développent certains à gauche n’auraient pas reçu l’écho médiatique qu’elles ont connu, si leurs présupposés erronés voire mensongers avaient été mieux pris en compte.

La vérité de la situation est en effet indéniable: quand ils ont élu François Hollande et lui ont donné une majorité parlementaire, les Français savaient que la crise perdurait et pèserait sur l’action des socialistes; ils savaient que le chômage n’avait cessé de croître et que les socialistes découvriraient encore des plans sociaux cachés par la droite; ils savaient que la dette publique était au plus haut et que ce ne sont pas les socialistes qui l’ont doublé en dix ans; ils savaient que le déficit commercial atteignait des records et que les socialistes ne sont pas ceux qui l’ont creusé; ils savaient que l’opposition de droite et d’extrême-droite serait agressive et que les socialistes s’y heurteraient; ils savaient que les divisions à gauche existaient déjà et que les socialistes n’auraient pas le soutien du Front de Gauche; ils savaient que l’Europe était majoritairement à droite et que les socialistes devraient y mener des négociations d’autant plus ardues; ils savaient que les riches défendraient leurs privilèges et que les socialistes connaîtraient les protestations de ceux qui, en plus de leur fortune, ont accès aux médias; ils savaient que beaucoup de ces médias appartiennent aux amis de l’ancien pouvoir et que les socialistes n’y seraient pas ménagés… Les Français connaissaient aussi les engagements de François Hollande, puisqu’il était le seul à avoir fait l’effort de vérité consistant à les exposer noir sur blanc dans un véritable programme de quinquennat. Ils savaient donc que le premier de ces engagements était “le redressement dans la justice”, impliquant l’effort de tous, donc de chacun, mais de façon proportionnée, pour redonner à notre pays sa pleine souveraineté. Avec une dette publique de 1800 milliards d’euros plombant la capacité d’action de l’Etat, l’objectif de la réduire, en ramenant le déficit de la France à 3% du PIB dès 2013, constituait même la première proposition écrite du candidat socialiste, tout simplement parce qu’il est la condition d’une action publique durable. Ceux qui feignent aujourd’hui de le découvrir ne sont donc pas dans le vrai, tout comme ceux qui oublient leur responsabilité dans cette situation. De même, ceux qui feignent d’ignorer que les choix opérés sont à la fois efficaces et justes se trompent.

La vérité des choix existe aussi. Il y a eu le temps de l’urgence: suppression de la TVA Sarkozy prévue pour l’automne 2012; abandon de la priorité accordée aux heures supplémentaires au détriment de l’emploi ; augmentation de l’allocation de rentrée scolaire; coup de pouce au SMIC pour la première fois depuis plus de dix ans; gel des loyers dans les secteurs en tension; baisse des prix des carburants; diminution des salaires du Président de la République, des ministres et des dirigeants d’entreprises publiques; recrutements complémentaires d’enseignants; pacte de croissance européen; retrait des troupes combattantes d’Afghanistan; etc. Autant d’engagements pris qui ont été rapidement tenus et qui répondent concrètement aux besoins du pays. Il y a le temps des réformes de société: mesures d’égalité femmes-hommes, notamment dans l’entreprise; recrutements complémentaires dans la police, la gendarmerie et la justice; projet de loi sur le mariage et l’adoption pour tous; circulaires de régularisation des étudiants, familles et salariés sans papiers; restauration du rôle de la France sur la scène internationale (ex: Syrie, Mali, etc.); réforme des rythmes scolaires; relance de la décentralisation; non-cumul des mandats; etc. Il y a aussi, bien sûr, le temps de l’action économique et sociale: mobilisation de tout le gouvernement contre la fatalité des plans sociaux (ex: Petroplus, M’Real, Florange, chantiers navals, etc.); création de la Banque Publique d’Investissement; recrutements complémentaires à Pôle Emploi; création des emplois d’avenir; conférence sociale suivie des accords historiques sur le contrat de génération et la réforme du marché du travail; réforme bancaire dissociant l’épargne des activités spéculatives; pacte de compétitivité renforçant la trésorerie des entreprises et les droits des salariés; réforme fiscale restaurant la progressivité de l’impôt, rétablissant un véritable ISF, plafonnant les niches fiscales, instaurant une taxation du capital enfin égale à celle du travail; vote d’un budget engageant la réduction de la dette, par une répartition juste entre la fiscalité et la réduction des dépenses; etc. Qui peut (faire) croire que tout cela relèverait d’un quelconque immobilisme ou, pire, serait contraire à nos convictions?

En guise de conclusion provisoire, je forme donc le voeu qu’en 2013, les socialistes refusent catégoriquement de se résigner à la posture exclusivement défensive où les accusateurs de tous bords voudraient les enfermer. Les critiques ne serons pas moins nombreuses que l’année précédente. Mais nous devrons y répondre en gardant à l’esprit la légitimité et la nécessité d’une double offensive. D’une part, il s’agira d’expliquer fièrement les changements décidés, qui sont le reflet de nos valeurs et de ce que le travail de nos élus permet d’inscrire dans la réalité d’aujourd’hui. C’est l’honneur et la responsabilité des socialistes, avec leurs partenaires de la gauche gouvernementale, “d’aller à l’idéal et de connaître le réel”, comme le disait si bien Jaurès, ou de “mettre les mains dans le cambouis”, comme on le dit plus trivialement, pour tenter de remettre en marche le moteur France. Ne soyons pas timides dans la revendication de cet effort, qui dénote une forme de courage face au contexte hostile rappelé ici! D’autre part, notre offensive doit aussi s’exprimer dans l’engagement quotidien auquel j’invite chaque socialiste, pour faire progresser notre pays: engagement politique, mais aussi syndical, associatif ou familial, tous générateurs de lien social, de débat et d’actions concrètes, au bénéfice de nos concitoyens. Oui, la victoire de la gauche en 2012 a permis le changement et il est maintenant engagé. Non cette victoire n’a pas fait disparaître les difficultés qu’il s’agit désormais de réduire. Oui, la mobilisation des socialistes contribuera à faire reculer ces difficultés. Non elle n’y parviendra pas suffisamment, en 5 ans, si les Français ne donnent pas à la vérité toute sa place et au changement sa dynamique. A nous de les y inviter, en commençant par valoriser comme ils le méritent les choix opérés depuis l’été dernier. Ce sont autant de leviers sur lesquels nous devons appuyer les efforts militants à venir.

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