Peut-on se passer des pesticides?

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Ils ont beau polluer les sols et les eaux, la France en consomme toujours beaucoup…

Sous les champs, la nappe. Les eaux souterraines qui reçoivent les intrants agricoles sont bien souvent en piteux état: les pesticides, engrais ou insecticides, utilisés pour cultiver les plantes se retrouvent dans les nappes phréatiques et nécessitent de lourds et coûteux traitements pour la rendre consommable.  Au Carrefour des gestions locales de l’eau, à Rennes, on s’est demandé si l’on pouvait se passer des pesticides.

Présence chronique d’un cocktail de produits

Si les pesticides sont aujourd’hui un sujet à la mode, leurs méfaits ne sont connus que depuis peu de temps. «Nous n’avons pris conscience de la contamination des eaux par les pesticides qu’au début des années 1990, avec l’introduction des normes européennes sur l’eau potable, explique Gilles Huet, délégué général de l’association Eau et rivières de Bretagne. Les autorités régionales de santé ont alors contrôlé la qualité des eaux et ont trouvé des pesticides en quantité importante.»

Après cette prise de conscience, des mesures de réduction des usages de produits phytosanitaires dans l’agriculture ont été mis en œuvre, mais pour Gilles Huet cela n’a fait que changer la nature de la pollution. «La substitution de certaines molécules par d’autres n’est pas une solution car au lieu d’avoir des pics de pollution quelques jours par an, on a désormais une présence plus faible mais chronique d’un cocktail de produits», juge le militant associatif. Seule solution, donc: «Pour réduire la contamination des eaux, il faut réduire les quantités utilisées par les différents acteurs: collectivités, particuliers et agriculteurs», estime Gilles Huet.

Agir sur toute la filière agro-alimentaire

Si beaucoup de collectivités se sont mises à l’entretien des espaces verts sans phytosanitaires, c’est plus difficile de faire changer les pratiques agricoles. En témoigne Philippe Lirochon, président de la Chambre d’agriculture d’Eure-et-Loir, qui explique que si ses céréales et ses légumes sont porteurs de germes ou de maladies, ils lui seront refusés par les conserveries et les industriels. Pour le céréalier beauceron, l’objectif du plan national Ecophyto de réduire les pesticides de 50% d’ici à 2018 est utopique.

«Le meilleur moyen d’échouer est de ne pas se fixer d’objectifs», argumente Gilles Huet, citant une étude de l’Inra réalisée en 2010 selon laquelle une réduction de plus de 40% du recours aux pesticides est possible tout en augmentant la marge des agriculteurs mais en diminuant les rendements de 10% pour les céréales. «La recherche fondamentale a montré des voies concrètes, et depuis quelques années des solutions alternatives se développent, conclut Gilles Huet. Oui, on peut se passer des pesticides, mais dans quelle mesure et à quel rythme, cela reste à déterminer.» Le plus difficile sera sûrement de convaincre les agriculteurs et toute la filière agro-alimentaire de la possibilité de changer des pratiques bien installées.

Créé le 24/01/2013

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