EOLIENNES MARINES: faut-il défigurer le paysage qui a suscité l’idée même de paysage?

Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, né en 1737 au Havre: l’auteur de « Paul et Virginie » est aussi l’inventeur de la notion de « belvédère » ou de « panorama » à la toute fin du XVIIIe siècle, tant il appréciait la vue et le paysage marin depuis le cap de la Hève


Depuis hier est ouvert le débat public concernant l’implantation de deux « fermes » d’éoliennes marines au large des côtes normandes: au large de Courseulles (Calvados) et de Veulettes-Fécamp (Seine-Maritime)

Nous n’avons pas ici l’intention de remettre en cause la pertinence de créer une filière industrielle d’énergie renouvelable dans une Normandie marquée par la soumission électro-nucléaire, qui va permettre de créer de nombreux emplois pour la construction des sites et pour leur maintenance à partir des ports normands de Dieppe, Le Havre, Caen-Ouistreham et Cherbourg. 

Mais nous voudrions insister sur, peut-être, la seule difficulté importante quant à implanter des éoliennes en pleine mer au large des côtes normandes: outre certains impacts environnementaux sur le comportement de la faune (oiseaux et poissons) qui peuvent être compensés ou réduits (par ex: installation de récifs artificiels au pied des mâts d’éolienne pour attirer crustacés et poissons; implantation des éoliennes dans le sens du courant; enfouissement des câbles sous-marins…) demeure l’impact visuel indéniable de plusieurs dizaines de bâtons blancs (clignotant en rouge la nuit) qui risquent de rayer l’horizon de nos couchers de soleil à la Boudin ou à la Courbet: une impression de rayures que n’apprécieraient guère nos peintres impressionnistes!

Mais, en terme de symbole et d’identité il y a plus grave: le paysage marin du littoral normand est doublement sacré

Parce qu’il fut dès le XVIIIe siècle le berceau de notre vision moderne du paysage: admirer la mer, en éprouvant, au bord de la falaise, la sensation du sublime (c’est beau et en même temps j’ai peur…)

Parce qu’en 1944 la baie de Seine fut le théâtre de la plus formidable opération militaire de tous les temps pour la Liberté

A proximité des deux sites choisis par l’Etat en fonction de contraintes de zones très strictes  (limite du domaine maritime public à 22km; chenaux et rails de navigation; zones de pêche; zones classées des estuaires…) il y a des sites qui font actuellement l’objet de dossiers d’inscription pour l’optention du label « patrimoine mondial de l’Humanité » décerné par l’UNESCO déjà bien présente en Normandie avec Le Havre ville d’Auguste Perret; Tatihou et la Hougue, oeuvres de Vauban et enfin, la baie et le Mont Saint Michel…

Ces deux sites sont majeurs…

A côté de Fécamp:

Le site des falaises d’Etretat

A côté de Courseulles:

Le site du port artificiel d’Arromanches (1944)


Pour vous faire une idée, vous pouvez consulter ci dessous trois documents extraits du dossier du maitre d’ouvrage du projet de Courseulles: les éoliennes implantées à 12,5 km au large d’Arromanches seront visibles depuis le site qui prétend au classement UNESCO mais on verra aussi sans peine ces 75 éoliennes depuis le cap de la Hève…

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Les dates des diverses réunions thématiques de ce débat public ouvert jusqu’en juillet prochain sont disponibles sur le site du débat public national:

http://www.parc-eolien-en-mer-de-fecamp.fr/debat-public/debat-public-2013/

http://www.debatpublic-eolien-en-mer-courseulles.org/

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