CDLXXX.

Aimez-vous la peinture ? Vous êtes servis. Aimez-vous la lecture ? Déjà moins. Coup sur coup, pour ceux que ça intéresse, on apprend deux nouvelles. D’abord celle de la fermeture pour six mois du Centre André-Malraux et de sa bibliothèque éponyme (ligne T2, arrêt Couperin). Puis, aléas des heurts et des jours, la nouvelle de sérieuses restrictions d’horaires pour la bibliothèque du Châtelet (ligne 5, arrêt Châtelet) laquelle n’ouvrira plus que quelques heures deux jours par semaine.

Pas grave, me direz-vous. Ceux qui aiment lire iront regarder les tableaux (il y a encore de la place, paraît-il). Ou regarder bateaux (dans le froid et sous la pluie, paraît-il aussi). Qu’avez-vous à vouloir lire le Musée Imaginaire ou En marges des marées ! Il suffit de les vivre. C’est bien l’avis de notre municipalité. Il semble en effet que cette dernière commence à se lasser de son fameux réseau de bibliothèques baptisé avec astuce R’n’Bi (ou approchant, sans garantie comme on dit).

Elle s’en lasse depuis que les lecteurs s’en sont lassés. Chose vraie : les lecteurs empruntent de moins de moins de livres, mais fréquentent davantage les bibliothèques. On n’y va plus pour lire mais pour consulter (journal, dico ou Internet). Notez-le, comme chez le docteur : pour consulter et pour lire dans la salle d’attente ; chez le mien, qui consulte à peine, je feuillette Auto-Plus. Inutile de vous dire que j’évite d’être malade.

Donc, à Malraux et au Châtelet, de plus en plus de monde, de moins en moins de lecteurs. Et plus de bibliothécaires. Faut-il y voir la fin avouée (désirée ?) dudit Châtelet ? Amateurs d’opérette, craignez-le. Et puis, enfin, là-haut, n’est-ce pas, ces gens-là, bon. Comme on dit lors des soirs d’élections : tout ça est bien décevant.

J’hésite à vous écrire ce que je pense. Sur ceci et sur cela. Bibliothèques ou élections. Preuve en est que, l’autre dimanche, au Clos Saint-Marc, un groupe oppositionnel (quel jargon !) distribuait de petits papiers noircis de l’argumentaire ci-dessus (en moins bien écrit cependant). Certes, il n’est pas faux de dire que l’ex-future médiathèque Grammont a été coulée sous le bon prétexte de renforcer un réseau de petites boutiques ; il n’est pas faux de dire que le grand bond en avant promis par la victoire de Valérie Fourneyron en mars 2008 n’aboutit à rien, sinon pas grand-chose ; et il n’est pas faux de dire qu’on nous promène chaque jour avec plus de communication que de réalisations. Dame, je voudrais vous y voir.

Il n’empêche, les futurs ex-vainqueurs n’ont rien à perdre. Ils seront bientôt à même de tirer à vue. Leur mauvaise foi n’aura d’égal que la mienne. Ou celle des autres. Comme les fraises d’en ce moment, venues d’Espagne et qui n’attendent pas : allez mesdames, deux barquettes, cinq euros, la troisième gratuite !

Plus tard, vint le temps de faire le tour de la brocante. Chez l’un à cheveux blancs, pour un euro, voici L’Ecornifleur. Jules Renard, bien jauni, bien corné, vieille édition courante. Les livres d’avant, il n’y a que ça.

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