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Dernière mise à jour : 08/08/2013 à 19:15

La mise en place d’une écotaxe sur les poids lourds pour lutter contre la pollution devrait mettre un grand nombre d’entreprises en difficulté. Explication avec un transporteur.

Les poids lourds seront équipés de boitier de géolocalisation .

L’écotaxe qui devrait s’appliquer aux poids lourds à partir du mois d’octobre 2013 peine à se mettre en place. Et pourtant, cette dernière, proposée lors du grenelle de l’environnement n°1 par Jean-Louis Borloo, est évoquée depuis 2009. L’objectif est de taxer les transports de marchandises qui polluent afin de financer les autres moyens de transports. Selon le journal Les Echos, ce nouveau prélèvement devrait rapporter 1,2 milliard d’euros (avec un coût de collecte évalué à 230 millions par an, soit 20% des recettes). Alors que la taxe devrait déjà être appliquée depuis juillet 2013, le délai pourrait encore être repoussé après octobre si toutes les sociétés ne sont pas enregistrées en temps et en heure. Et les transporteurs traînent les pieds !

Comment ça marche ?

Quel est le principe ? Une écotaxe s’appliquera aux poids lourds de plus de 3,5 tonnes circulant sur une partie du réseau national et autoroutier. En clair, un portique sera installé sur certaines portions de routes : chaque passage du camion sera enregistré grâce à un boitier dont il sera équipé préalablement. C’est ce système de géolocalisation qui permettra d’évaluer le montant de l’écotaxe. Elle représentera une augmentation des coûts du transport de 5 à 8%, voire plus en fonction des trafics et des itinéraires. Dans l’agglomération rouennaise, trois portiques sont déjà installés, un aux Essarts, un au rond-point des Vaches et un au rond-point des Colonnes. En mai 2013, un autre portique avait été installé au rond-point des Mariniers. Il avait été cassé en quelques heures, provoquant de nombreuses réactions.( sur notre page Facebook.)

Ce qu’en pensent les transporteurs

Du côté des transporteurs, on ne voit pas cette taxe d’un bon œil.

La taxe sera évaluée en fonction de la pollution émise par les camions et de l’équipement des camions. Cela signifie que les clients vont pousser les sociétés à mieux s’équiper et ces dernières n’en n’ont pas les moyens. Cela va, de plus, inciter les routiers à circuler sur des petites routes de campagne afin de ne pas être taxés. Et les consommateurs vont aussi devoir payer : les clients vont sans doute répercuter le montant des taxes sur les prix des marchandises, explique Sébastien Voisin, transporteur et vice-président de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) de Seine-Maritime.

Le calcul de cette taxe sera très complexe car elle sera différente selon les régions. Si un camion effectue une livraison de Haute-Normandie en Haute-Normandie, la taxe s’élèvera à 3,80%. Si la livraison s’effectue de Haute-Normandie en Basse-Normandie, elle sera de 4,80% et de Haute-Normandie en Île-de France, elle sera de 6,60%. Un système « très » et « trop » compliqué selon Sébastien Voisin.

« Certaines entreprises vont couler »

La loi oblige les sociétés de transports à répercuter le montant des taxes sur les clients. Mais entre le moment où les transporteurs vont devoir payer la taxe et celui où les clients vont eux-mêmes les payer aux transporteurs, le délai pourrait être d’une quinzaine de jours.

Les entreprises n’auront pas la trésorerie suffisante. Certaines sociétés ne pourront jamais avancer quinze jours de trésorerie, c’est leur mort assurée, regrette Sébastien Voisin.

La crainte de ce dernier est que les transporteurs étrangers, qui ne seront pas assujettis aux mêmes contraintes, prennent une part du marché français.

On voit de plus de camions des pays de l’Est sur la route. Et on en verra certainement de plus en plus. Avec cette taxe, les entreprises françaises vont couler !