Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

DSC05547.jpgLa phrase est attribuée à Lavoisier.

 

A Rouen, elle aura trouvé hier près du pont Flaubert sa déclinaison locale, avec le démontage du Bouddha de Tatzu Nishi, et sa mise en benne, direction le tri sélectif de la Créa.

 

Nous nous étions déjà émus en 2010 de la fin de Camille d’Arne Quinze, avec sa reconversion en panneaux d’isolation, quand l’oeuvre avait couté à l’époque 3000 euros par jour. Le bouddha aura couté certes moins cher, mais au final, il aura la même et triste fin.

 

Que la Municipalité socialiste veuille faire entrer l’Art contemporain au coeur de l’espace public est certes une bonne chose. A condition toutefois de s’assurer de sa pérennité, tant dans sa durée de vie, comme des commandes publiques sensées embellir la ville et marquer son intérêt aux artistes, que dans son entretien par la collectivité, en ne laissant pas les choses partir à vaux l’eau, comme cela a pu être le cas avec le Gyro de Laurent Salsik.

 

Comment expliquer qu’ailleurs cela puisse être différent, comme à Lille où pour participer à l’embellissement de ses quartiers et favoriser l’accès à l’art contemporain, la Ville implante dans ses quartiers de prestigieuses oeuvres d’art. Grâce au soutien de ses partenaires privés, la Ville de Lille a en effet acquis ces dernières années plusieurs oeuvres réalisées par des artistes de renommée internationale. Ces acquisitions s’inscrivent dans un ambitieux programme de commande publique intitulé  » Lille, Ville d’Art et d’Artistes ».

Les oeuvres de ces dernières années sont autant de réalisations significatives. L’une des plus représentatives est sans nul doute «Les Tulipes de Shangri-La » de Yayoï Kusama, dont l’image a fait le tour du monde. Mais aussi «God Hungry» de Subodh Gupta, installée au coeur de l’Eglise Sainte-Marie Madeleine dans le Vieux-Lille, « La Demoiselle de Fives » de Kenny Hunter, oeuvre implantée place Degeyter à Fives, «Ici la nuit verte est immense» de Sarkis au Palais Rameau,«Pissenlits» d’Alexis Petit ou encore «Physalis Partitura» de Nishikawa sur l’esplanade du CHRU. 

 

Qu’aurions nous perdu si à l’époque on avait fait de même avec les nymphéas de Monet ou le cheval majeur de Duchamp Villon ? Non à Rouen aujourd’hui c’est à chaque fois la même rengaine, de la comm, encore de la comm et toujours de la comm, et des oeuvres d’art qui finissent au pilon ou à la benne. Au final, c’est tout ce qu’on retiendra de Rouen Impressionnée.

 

A l’heure où les finances publiques se font de plus en plus tendues, et que l’on entend vouloir faire de Rouen une ville capitale qui compte, il serait peut-être temps de penser autrement et de penser durable.

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