Un coucou Jean Marc Reiser.
Jean Marc Reiser est mort d’un cancer le 5 novembre 1983 emportant avec lui son génie de dessinateur philosophe. On se souvient de la
couverture d’Hara Kiri « Bal tragique à Colombey , un mort » faisant la couverture du journal satirique à l’occasion de la mort du Général !
On ne veut ne voir chez lui que le croqueur des parties génitales en folie, mais lorsque le provocateur quitte la perversion des sentiments « si tu montres tes seins, je montre mes c… » on arrive très vite sur un des plus grands philosophes du
20 siècle. Pas un Bernard Henry Levy, mais un Socrate du dessin. Dans une de ces planches, on peur voir un dessin de couverture représentant un homme se grattant la tête avec ses interrogations
« plus d’insectes, plus d’oiseaux, plus de poissons ….Et toujours des cons », mais l’essentiel des concepts philosophiques développés par Reiser ne tient pas, vous l’aurez compris dans
une suite logique de mots, mais de dessins.
Il est bien difficile de faire de la philosophie Reiserienne une somme de phrases, tout tient directement dans une gestion mentale de cette
maïeutique en mouvement visuel. Dans l’oiseau de la famille, il croque le mazoutage des cotes bretonnes en montrant la bonne volonté d’une famille qui s’essaie au sauvetage d’un oiseau
pour finir par ce regret « Il a dégueulé le pétrole qu’il avait dans l’estomac sur notre poulet ! »
Mais c’est surtout dans ces planches sans textes que la bande dessinée acquiert
ses lettres de noblesse au côté des philosophes du 20 siècle. La philosophie n’y est certes pas enfermée dans l’emphase des mots et de ces
définitions spécifiques, mais elle respire le sacré. En créant un paysage diogénique, Reiser a atteint son but. Noyer la profondeur de la réflexion sous un amas de grossièreté et représentations sexuelles. Pour atteindre la pensée de Reiser, il faut comme toujours dans la philosophie passer par des portes ésotériques. Une œuvre qui attend
d’être rangée au rayon philosophie des bibliothèques scolaires …
Igor Deperraz
