L’UE va taxer provisoirement le verre solaire importé de Chine

 

L’UE va établir un droit antidumping provisoire sur les importations de vitrage solaire depuis la Chine. L’enquête européenne fait apparaître que les produits chinois bénéficient de mesures de dumping qui mettent en péril les industriels européens.

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« L’enquête a établi qu’il existait un lien de causalité entre le préjudice important subi par l’industrie de l’Union et les importations [de vitrage solaire] faisant l’objet d’un dumping en provenance de [Chine]«  et aucune des autres hypothèses étudiées « n’a été considérée comme étant de nature à briser le lien de causalité établi entre les importations faisant l’objet d’un dumping en provenance de [Chine] et le préjudice important subi par l’industrie de l’Union ». Telle est la conclusion de l’enquête concernant les importations en Europe de vitrage solaire originaire de Chine, publiée ce mercredi 27 novembre au Journal officiel de l’Union européenne.

En conséquence l’exécutif européen a décidé d’établir un droit antidumping provisoire sur les importations de vitrage solaire en provenance de Chine. Les taux de ce droit varient de 17,1 à 42,1% du prix des produits visés.

Importations chinoises multipliées par 7 en 3 ans

L’enquête européenne portait sur les ventes de vitrage solaire destinées, pour 80 à 85% du total, aux producteurs de modules solaires (modules photovoltaïques en silicium cristallin et modules photovoltaïques à couche mince) et, pour 15 à 20%, aux producteurs de capteurs thermiques plats dédiés à la production d’eau chaude. Elle a été ouverte le 28 février 2013 par la Commission européenne, à la suite d’une plainte déposée le 15 janvier 2013 par l’EU ProSun, le groupement des entreprises européennes du secteur.

La procédure a abouti à l’identification « de marges de dumping provisoires », le prix des produits chinois étant de 31,9 à 86,2% plus faible sur le marché européen par rapport au prix constaté en Chine. Ce résultat est basé sur la comparaison des prix des exportations d’un échantillon d’entreprises chinoises représentant plus de 80% des exportations totales vers l’Union au cours de la période d’enquête avec les prix pratiqués par quatre producteurs de l’Union représentant 79% du total des ventes du produit similaire dans l’Union.

Les volumes des importations concernées et faisant l’objet d’un dumping passent de 1,2 à 8,3 millions de m2 sur la période allant de 2009 à 2012, soit une multiplication par près de 7 des volumes. Quant à la part de marché des importations chinoises elle est passée de 6,2% en 2009 à 28,8% en 2012, ce qui correspond à une multiplication de plus de 4,5 de la place des produits chinois sur le marché européen.

En conséquence, les industriels européens ont souffert : certes la production des usines européennes a malgré tout augmenté, passant de 17,5 à 31,2 millions de m2 de 2009 à 2011 avant de chuter à 21,7 millions de m2 en 2012, mais cette progression masque une utilisation des capacités de production moribonde qui progresse de 45% à 64% sur les trois premières années avant de s’effondrer à 40%.

« Même si l’industrie de l’Union a augmenté sa capacité pour répondre à l’augmentation de la consommation, les niveaux de production de l’industrie de l’Union ont connu une hausse plus lente que celle de la consommation, tandis que l’utilisation des capacités, après une augmentation substantielle lors des trois premières années de la période considérée, a baissé au cours de la période d’enquête, coïncidant avec une hausse de la part de marché des importations faisant l’objet d’un dumping en provenance du pays concerné », résume la Commission.

Part de marché et bénéfices en berne

Effectivement, les parts de marchés de producteurs européens ont connu « une baisse considérable », passant de 90,2% à 67,7% en quatre ans, malgré une hausse de 12% des volumes produits en Europe. Résultat logique, puisque la Commission constate par ailleurs une hausse de 49% du marché européen et elle estime que le dumping chinois explique que « les producteurs de l’Union n’ont pas pu pleinement tirer parti de cette croissance de la consommation« .

Pour préserver leur part de marché, les producteurs européens ont cherché à adapter leur offre. Mais avec une chute de 27,2% des prix des importations chinoises sur la période, cette adaptation a été rude. Les industriels ont d’abord tenté de se concentrer sur des types de produits dans des niches de marché où les importations chinoises sont inexistantes et qui nécessitent un degré élevé de recherche et d’innovation. Mais la stratégie ne répond que très partiellement au problème, estime la Commission qui juge qu’« il est évident que l’industrie de l’Union doit également être capable de produire et de vendre des volumes élevés de types de produits de base ».

L’industrie européenne a donc aussi déployé « des efforts considérables pour diminuer ses coûts de production », estime la Commission, déplorant que « malgré ces efforts, en raison du niveau exceptionnellement bas des prix des importations chinoises, l’industrie de l’Union a été une nouvelle fois contrainte de revoir ses prix de vente à la baisse ». La rentabilité des producteurs européens « a considérablement baissé sur la période », conduisant à des pertes au cours de la période d’enquête.

Philippe Collet

 

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