La guerre du E …

La révolution dans l’ E

Chacun d’entre nous souhaiterait exprimer sa féminité ou sa masculinité à travers le verbe et pour cela marquer le territoire orthographique de son empreinte. Pour les femmes, la chose est aisée au singulier, puisque dans bien des cas sauf lorsqu’un complément d’objet fou est placé avant le verbe avoir, la marque du « e » exprime cette féminité avouée.

Pour l’éminent Maurice Grevisse « selon la tradition, on part du masculin pour donner le féminin. Parce que le masculin singulier est, pour les adjectifs, les noms, les pronoms, la forme indifférenciée, neutralisée, comme l’infinitif pour les verbes »

En tout état de fait, écrire au masculin, sans pouvoir adjoindre la magie du « e », c’est exprimer une idée indifférenciée. On pourrait par exemple utiliser le féminin de « maximum » pour lui préférer maxima…. La peine maxima. On prive aussi par abus de faiblesse beaucoup de mots de leur genre. Si la dictée est au féminin, l’amitié se rit habilement du « e »

Dans ce carcan que l’on s’impose comme étant la norme civilisée de la langue française, le rapport à la féminité est souvent oublié alors que ce mot possède intrinsèquement la marque du masculin par son absence de « e »

Il y a urgence à autoriser la théorie orthographique du genre pour briser les chaînes de la domination masculine. Je suis ennuyée de vous dire qu’il est temps d’introduire toute forme de féminité dans l’écriture. Exprimée cette part de sa personnalité à travers les mots, c’est redonné sa place à la diversité biologique.

Mon amitiée est tout entière (tout). N’est-ce pas usurpée une autre identité que d’afficher la volontée de mes engagements. En optant pour le « e », j’oriente mon verbe vers cette part avouée de ma personnalitée. Mais je peux tout aussi bien avouer ma personnalité par l’absence manifeste de la marque du féminin.

L’infinitif masculin oriente la pensée vers la toute-puissance de l’homme. En excluant l’orthographe de la contestation politique, on en est réduit encore aujourd’hui à écrire que le masculin l’emporte sur le féminin …cinq cents filles et un garçon réunis à la fête de l’égalité. Voilà ce que l’on pourrait lire en gros titre d’un journal défendant des idées progressistes !

La presse est devenue le grand vecteur de la domination masculine, niant l’égalité des textes et reproduisant à l’infini cette oppression.

Le « e » pour tous serait une grande avancée pour l’égalité homme femme. À moins d’inventer une nouvelle voyelle, mi-homme ; mi-femme …

Igor Deperraz

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