Quand la PRAVDA du Grand Ouest épingle le retard scolaire de la Normandie Basse

C’est dans Ouest France en date du 1er juillet 2014 que l’on trouvera le papier impitoyable suivant… La Basse-Normandie cette petite cendrillon du Grand Ouest ligéro-breton fait rarement la une de Ouest-France et quasiment jamais la 4ème de couverture euphorisante de la Pravda du Grand Ouest toujours consacrée à de bien belles histoires bretonnes.

Et pour comble d’humiliation, c’est le maître d’école de Ouest-France qui tence la pauvrette bas-normande de ne pas assez bien réussir à l’école: on échappe néanmoins au bonnet d’âne quand le journaliste relève ici ou là quelques lueurs d’espoirs.

On pourrait nous rétorquer que cet article ne fait que reprendre les données objectives de « l’Atlas des risques sociaux d’échec scolaire » publié par l’Education Nationale. Certes, mais avant de dresser un « constat cruel » asséné aux pauvres lecteurs hasbeen de Normandie basse de l’habituelle propagande du modèle de réussite breton, ne faudrait-il pas renvoyer d’abord  l’Education Nationale à ses chères études lorsqu’elle tolère que 15 à 20% des élèves entrant en classe de 6ème ne savent pas lire, écrire ou compter correctement? Voilà bien une moyenne nationale qui devrait tous nous faire réfléchir au delà du cas « bas-normand ».

Car sur le cas « bas-normand » on eût souhaité  un début de commencement d’explication de ce retard des élèves bas-normands dans l’acquisition des diplômes… On nous dit que « l’académie de Caen reste marquée par l’emploi ouvrier non qualifié » comme si c’était une tare que de vivre (plutôt correctement) dans une région, à la fois, plus rurale et plus industrielle que la moyenne…

 Il aurait fallu mettre en face de ces données les chiffres du chômage des jeunes et l’on aurait vu que les jeunes Bretons sont, certes, plus qualifiés mais connaissent plus le risque de chômage que les jeunes Normands: Pas sûr que le modèle agro-industriel breton soit d’ailleurs un modèle contrairement à un secteur agro-alimentaire normand plus dynamique et mieux positionné dans les productions de qualité que les concurrents bretons.

Enfin, nulle explication n’est proposée pour expliquer sur le long terme les origines de ce retard normand aux diplômes: on trouvera, néanmoins, un début d’explication dans la passionnante étude proposée par le démographe Emmanuel TODD associé au sociologue Hervé LEBRAS sur le « mystère français ».

 

Carte extraite du livre d’Emmanuel TODD et d’Hervé LE BRAS: sur les 40 dernières années, la corrélation entre réussite au bac et dynamisme de la métropolisation est patente… On peut dire, en osant la caricature, que depuis le début des années 1970, CAEN ROUEN et LE HAVRE ont raté leur bac !

Le rattrapage scolaire des régions rurales de l’Ouest français se fait entre  les années 1960 et les années 1990 conjointement avec la métropolisation de Rennes et Nantes qui permet de fixer l’avenir des territoires en fixant la jeunesse la plus douée et la plus talentueuse: la décentralisation universitaire et de formation supérieure a profité aux métropoles bretonnes mais pas aux villes normandes malgré la présence à Caen d’une ancienne et prestigieuse tradition universitaire. 

En 1971 la technopole universitaire caennaise se préparait à devenir la « Grenoble de l’Ouest »… On ne finira pas la phrase pour ne pas être encore plus cruel que le journaliste pro-breton de Ouest-France ! 

Aujourd’hui, ce sont plus de 3000 jeunes post-bac tant en Haute qu’en Basse qui quittent chaque année la Normandie sans y revenir: les jeunes les plus talentueux, les plus ambitieux, les plus mobiles ne restent pas dans une région normande, divisée et placée dans l’ombre parisienne, sucée du meilleure de sa substance et dépréciée dans son reflet médiatique: le retard scolaire constaté en 2014 est donc la conséquence lointaine de la division administrative normande et de l’atonie pour ne pas dire du déclin de l’attractivité urbaine et métropolitaine des trois grandes agglomérations normandes…

Voilà ce qu’on aurait aimé lire en conclusion d’un tel article !

CONCLUSION: des données statistiques brutes présentées sans aucune contextualisation n’ont aucun intérêt !

Normandie basse scolaire

 


 

Bien entendu, Ouest-France ignore la Normandie au delà de la Seine: le site 76ACTU nous permet de constater que la Haute est tout aussi Basse en matière d’accès des jeunes aux diplômes.

http://www.76actu.fr/carte-document-inedit-sur-lechec-scolaire-le-point-en-seine-maritime_84088/

[Carte] Document inédit sur l’échec scolaire : le point en Seine-Maritime

L’Education nationale dévoile l’Atlas académique des risques sociaux d’échec scolaire, un document inédit élaboré en collaboration avec des chercheurs. Le point en Seine-Maritime.

Dernière mise à jour : 01/07/2014 à 16:19

Les zones à risque d'échec scolaire en Seine-Maritime (Cartographie Céreq - ESO Caen).

Les zones à risque d’échec scolaire en Seine-Maritime (Cartographie Céreq – ESO Caen).

Le ministère de l’Éducation nationale vient tout juste de publier la géographie de l’École, une synthèse qui regroupe une somme importante de données statistiques afin de dresser le portrait de l’école, en France.Le Nouvel observateur qui relaie l’information, évoque, à l’analyse de ce document, « une France coupée en deux ».

Sept indicateurs repris par l’Éducation nationale

Parmi toutes ces données, le quotidien s’est attaché à décortiquer l’Atlas académique des risques sociaux d’échec scolaire. Un document inédit, réalisé en collaboration avec quatre chercheurs du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq).

L’atlas révèle les facteurs qui contribuent à créer un climat plus ou moins favorable de réussite scolaire. « L’Éducation nationale a repris sept indicateurs identifiés par la recherche : le revenu de la famille, le chômage et le niveau de diplôme du ou des parents, le fait que la famille soit monoparentale, le nombre d’enfants dans la fratrie et les conditions de logement », révèle le Nouvel Observateur.

Sur la base de ces critères, quatre grandes familles de territoires se dessinent : celle des zones les plus à risques (signalées en rouge et orange sur la carte, celle où le risque d’échec scolaire est le plus limité (zones jaune et bleu), celle des cantons ruraux avec un faible niveau de qualification (gris), et une dernière  qui se caractérise par la sécurité économique et le soutien culturel (territoires en vert).

État des lieux en Seine-Maritime

L’atlas académique classe les villes de Fécamp, Dieppe et Gonfreville-l’Orcher, près du Havre, dans la zone la plus à risque. Cette dernière rassemble des cantons urbains, qui cumulent toutes les difficultés économique, familiale et culturelle et des cantons moins urbanisés ou ruraux qui ont les mêmes profils. Dans cette zone est identifiée aussi la Seine-Saint-Denis ou Roubaix.
Le Havre et Rouen s’inscrivent en jaune : des zones où l’échec scolaire est plus limité mais qui restent tout de même fragilisées en raison de la forte présence du type « difficultés de vie familiale et habitat social en milieu urbain ».

Des fragilités multiples dans l’Académie de Rouen

Pour les chercheurs du Cereq, l’Académie de Rouen recense de nombreux cantons marqués par le type « cumul de fragilités économique, familiale, culturelle en milieu urbain ». Un canton sur 5 et un quart de la population, précisément. Il est attribué le plus souvent à des villes, petites ou moyennes, industrielles, portuaires ou encore tertiaires.

« Le cas de Saint-Etienne-du-Rouvray révèle à lui seul le profil des 20 cantons concernés par ce type », décrit le Cereq. Il concentre une part de chômage proche de 13 %, une part de familles monoparentales de 12 % (France 8,5%), de familles de quatre enfants et plus de 4% (France 1,6 %), de ménages en HLM de 38% (France 15 % ) et de 45-54 ans non diplômés de 53% (France 34%). Le revenu médian est ici de 13 900 euros, pour 24 000 à Bois-Guillaume (type “sécurité économique et soutien culturel”.)

Cet atlas académique pourrait à terme devenir un outil d’aide à la décision pour les Rectorats et les collectivités locales, note Le Nouvel Observateur.

 

La carte de l'échec scolaire dans l'Académie de Rouen (cartographie Cereq).

La carte de l’échec scolaire dans l’Académie de Rouen (cartographie Cereq).

Karine Lebrun76actu
journaliste à Le Havre Infos

 

 

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