L’Association de l’Aide Familiale Populaire envisage sa liquidation

(fil-fax 23/09/14)

L’Association de l’Aide Familiale Populaire (AAFP) implantée à Rouen et au Havre (700 salariés), spécialisée dans l’aide à domicile aux personnes âgées, envisage sa liquidation judiciaire au 1er décembre. « Accusant un déficit important de l’ordre de 700.000 € et sans une reconnaissance de notre prix de revient, la liquidation judiciaire et le licenciement de 700 salariés sera irrémédiable », a prévenu lundi avec gravité à Rouen Jean-Marc Dussaux, président de l’association aux côtés de François Fondard, président de l’Union Nationale des Associations Familiales (UNAF).

Selon l’AAFP, les difficultés récurrentes viennent du différentiel entre le coût de revient moyen d’une heure effectuée au domicile d’un usager, estimé entre 21 et 23 €, et le montant « beaucoup trop faible de 19,40 € » de la compensation versée par le conseil général de Seine-Maritime au titre de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). A ce rythme, « plus l’association effectue des heures et plus elle perd de l’argent », regrette Jean-Marc Dussaux. « Le tarif de l’APA est bien en dessous des besoins réels et situe la Seine-Maritime parmi les départements les moins reconnaissants. Pour un conseil général socialiste c’est tout à fait incompréhensible de ne pas reconnaître les coûts induits », a commenté François Fondard. Le Finistère reconnaît un prix de revient horaire à 22,80 €. Celui de la Savoie, 23€. « Ce qui permet de surcroît de ne pas faire supporter de reste à charge aux familles », ajoute François Fondard.

Agacé Jean-Marc Dussaux poursuit : « Le conseil général de Seine-Maritime n’est pas juste. Nous nous trouvons face à des inégalités flagrantes. Certains opérateurs comme l’UNA ont obtenu la reconnaissance d’un prix de revient de 21,66 € tandis que d’autres comme nous ou l’ADMR 76 restons financés à 19,40 € de l’heure ».

La concurrence du secteur marchand vient noircir le tableau. « Ces entreprises ne sont pas contraintes d’appliquer les mêmes conventions collectives que nous », déplore François Fondard. Résultat, la décroissance est importante. L’AAFP (15 M€ de CA) travaillait auprès de 5.240 familles en 2012. Fin 2014, elle en aura perdu un millier. L’Assemblée nationale devrait prévoir l’instauration d’une autorisation opposable qui reconnaisse un prix minimal de revient horaire pour l’ensemble des acteurs. « Malheureusement ces mesures apparaîtront trop tard pour sauver nos mouvements », redoute François Fondard.

En charge des personnes âgées, la vice-présidente du Département de Seine-Maritime Caroline Dutarte (PS) n’apprécie pas « l’ultimatum sans propositions » lancé par l’AAFP. En passant de 18,42 € en 2013 à 19,40 € en 2014 avec un surcoût de 2,8 M€ pour la collectivité « nous sommes au-dessus de la moyenne nationale », assure l’élue qui s’interroge : « L’ARS leur a, sans succès, proposé la semaine dernière une aide ponctuelle de 300.000 €. Pourquoi l’avoir refusée ? ». « Cela nous aurait donné de quoi tenir 4 mois de plus sans régler la question de fond », répond Jean-Marc Dussaux.

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