La Malaisie fait pression pour l’huile de palme

LE MONDE ÉCONOMIE | | Par Laurence Girard

 

Attention, terrain glissant ! Évoquer l’huile de palme est toujours source de polémique. Cette fois, le malaise vient de Malaisie. En déplacement à Paris, mardi 14 octobre, le président du Conseil national des producteurs d’huile de palme a menacé la France. Il souhaite la disparition de la mention « sans huile de palme » apparue sur des produits agroalimentaires. Des enseignes de grande distribution et quelques fabricants ont, en effet, choisi d’informer le consommateur de l’absence de cette matière première.

A l’exemple de Findus et de ses plats préparés surgelés, de Casino et de sa pâte à tartiner aux noisettes ou du belge Galler et de ses boîtes de chocolat.

Cette précision sur la recette n’est guère du goût de la Malaisie, deuxième plus gros producteur mondial d’huile de palme derrière l’Indonésie. Et cette industrie n’hésite pas à faire pression sur le gouvernement français, mettant dans la balance les achats d’Airbus…

Elle avait déjà joué ce jeu de la menace à peine voilée, quand le Parlement devait se prononcer sur une taxation supplémentaire de l’huile de palme. L’« amendement Nutella », du nom de la célèbre pâte à tartiner de l’italien Ferrero riche en noisettes mais aussi en huile de palme, est finalement passé à la trappe.

Derrière cette pression se profilent des acteurs puissants. A l’exemple de Felda Global Ventures (FGV). Cette société d’État malaisienne gère 450 000 hectares de plantations en Malaisie et Indonésie. De quoi revendiquer le titre de numéro trois mondial de l’huile de palme, sachant que le numéro un est un autre malaisien, Sime Darby.

GRIEFS

L’entreprise avait flambé, lors de son introduction en Bourse, il y a deux ans. En 2013, FGV a affiché un chiffre d’affaires de 12,57 milliards de ringgits (2,99 milliards d’euros) et un bénéfice de 980 millions de ringgits.

Ses bénéfices risquent d’être plus maigres en 2014. Et pour cause. Le prix de l’huile de palme glisse. Vendredi 17 octobre, elle se négociait à Rotterdam à moins de 700 dollars (546 euros) la tonne, contre 900 en janvier. Et le stock de bidons monte.

Le corps gras du palmiste, très prisé des entreprises de biocarburant, d’agroalimentaire ou de cosmétique, a-t-il perdu de son attrait ? Ses qualités industrielles n’ont pas changé. Mais son atout premier, son prix, n’est plus aussi alléchant. Alors que toutes les huiles concurrentes, de colza comme de soja, sont entraînées dans une spirale baissière, son avantage tarifaire fond.

D’où l’intérêt des producteurs de faire la promotion du fruit de palme. Soutenus par les industriels, qui comme Ferrero, Nestlé ou Unilever, en truffent céréales de petit-déjeuner, barres chocolatées ou pâtes surgelées. Leur objectif : répondre aux deux griefs qui collent à cet oléagineux. Le grief environnemental, ces plantations ayant causé des déforestations massives. Et le grief nutritionnel, cette huile étant la plus riche en acide gras saturé, juste devancée par celle de coprah.

Les industriels affirment qu’ils utilisent désormais une « huile de palme durable » et que la quantité de cet aliment ingérée par les Français reste limitée. Une promotion qui ne supporte pas un étiquetage jugé « discriminatoire ».

 

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