DCVII.

Un lecteur attentif (et scrupuleux) me signale une erreur de taille dans la Chronique DCIII consacrée au théâtre d’autrefois. A propos de la fontaine Sainte-Marie, il semblerait que j’ai, de visu, un peu trop placé le cheval à droite et pas assez le bœuf à gauche. Ou le contraire ? Bref, c’est l’inverse qu’il fallait lire. Un brin perplexe, je suis allé, hier, vérifier. Notre lecteur a raison. Certes, je pourrais ergoter. Dire que je me plaçais du point de vue du spectateur (l’admirateur ?) et qu’alors, nous n’y pouvons rien, le cheval est à gauche, le bœuf à droite.

Ce lecteur ajoute que cela n’a pas d’importance. Peut-être. Et de conclure avec une grande simplicité : j’aime bien ce que vous racontez. Avouez que. Là où je ne suis plus, c’est qu’il prétend que ce bœuf pourrait être une vache. A vérifier. Mais la montagne est haute et rien ne vaut de hanter les temples khmer.

Comme je n’avais rien à faire dans ce quartier, j’ai redescendu la rue Louis-Ricard. Station devant la place Alain où la façade de la caserne de gendarmerie (lu dans le journal) a été victime de jets de peinture lors d’une manifestation à la mémoire de ce malheureux Rémi Fraisse. Ce dernier, victime plus de son enthousiasme que de celui des gendarmes (ce n’est pas une opinion, c’est un fait), n’en demandait pas tant.

La façade, dit-on, en sera quitte pour un ravalement. Sans doute, mais c’est dommage. Ces jets de peinture lui donnent un petit air Jackson Pollock qui lui manquait. Et lui manquera tant ce bâtiment est immonde. Faut-il qu’une gendarmerie soit belle ? Non, pas obligé. N’empêche, celle-ci illustre la négligence et j’m’en foutisme le plus prosaïque. Et depuis le début. Depuis sa construction, 1959 ou 1960 (à vérifier). Ignore-t-on le nom du tâcheron qui en fut chargé ? Il vaut mieux.

A propos, que penserait Alain-le-pacifiste de tout ce remue-ménage ? Pas grand-chose de bon. Et moi ? Itou. Concours de circonstances dira-t-on. Etre là, au mauvais endroit, au mauvais moment. Voilà qui ne console de rien et laisse libre cours aux instincts les moins reluisants. Faisons confiance aux purs républicains socialistes pour se draper dans des habits trop grands. Faisons confiance aux juvéniles moralisateurs pour s’estimer investis d’une mission régénératrice. Les Saint-Just et les Robespierre ne sont pas toujours ceux auxquels on pense. Le grand âge et la bonne connaissance des classiques évitent de s’emballer.

Mais assez sur un sujet qui force aux banalités. Lorsque j’étais jeune, il était admis de considérer la fontaine Sainte-Marie comme la pire des horreurs. Goût de l’époque. Aujourd’hui elle souffre d’indifférence. On la regarde à peine (la preuve). L’eau n’y coule plus et ses illuminations d’autrefois (lors de la foire Saint-Romain) ne sont qu’un vague souvenir.

Ce qui nous entraine à passer le pont et aller manger des croustillons. Chose que ne fera plus ce pauvre Rémi. En secret, n’est-ce pas le mot final ? J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie.

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