Tous des numériques
L’éducation nationale est-elle prête à se livrer corps et âme au démon du tout numérique. On connaissait les tableaux numériques, les tablettes et le suivi en ligne des élèves, mais devra-t-on passer à l’ère du tout numérique pour faire entrer l’éducation dans cette mouvance aux contours flous.
L’école doit- elle toujours suivre les modes au risque de perdre son âme et sa fonction ?
Que va-t-on trouver dans cet engouement pour la mise en écran de la situation pédagogique ? Une aide à l’apprentissage comme peut l’être un robot de peinture sur une chaîne automobile, un tuteur infaillible pour élèves en difficultés ? Si l’on enlève le copier-coller du manuel scolaire, il reste un formidable outil didacticiel pour accompagner les savoirs.
Cette intrusion de la machine dans l’univers de la pensée en formation est-elle vraiment du ressort de la relation professeur élève.
Donnez des outils complémentaires et accessoirement des illustrations du propos à visage humain n’est que bénéfice pour l’esprit, mais s’immerger dans un monde virtuel sans limites est une attitude suicidaire en termes de socialisation.
La grande richesse de l’école est de proposer de l’humain. En banalisant le numérique, le Maître ne deviendra que l’accessoire de la machine.
À ce jeu dangereux, la place même de l’enseignant deviendra inutile.
L’école pourrait tout au contraire devenir le lieu des apprentissages manuels et intellectuels. Le fait main des instituteurs et professeurs .Un label de qualité made in France, loin de la googolisation des esprits, en retrait de la powerpointisation .
Un sanctuaire du savoir-vivre, entre le marronnier et le jeu de bille. Une école de la liberté qui n’exclurait pas le numérique, mais n’en ferait pas une nouvelle religion. Une école laïque en quelque sorte …
Igor Deperraz