Mais où est passé le Medef ?
Tables rondes, hélicoptères, cocktails et invités VIP, ainsi va l'université d'été du Medef qui se déroule de merdredi à vendredi. Vitrine du mouvement patronal, l'événement s'apprête à accueillir sa fournée de ténors du CAC 40 et de ministres, sans compter les Lech Walesa, Cherie Blair, Clara Rojas et autres Yann Arthus-Bertrand ou Raphaël Enthoven. Le thème de cette dixième édition, “A la recherche des temps nouveaux”, peut s'appliquer à l'économie mondiale, toujours chahutée, autant qu'au Medef lui-même… C'est que la crise a fait des dégâts dans les rangs patronaux. La débâcle des marchés financiers semble avoir pris la patronne des patrons de court.
Laurence Parisot a parfois patiné avec les syndicats, qui lui reprochent une posture trop défensive. “Le Medef donne l'impression d'attendre que l'orage passe, souffle un membre de l'état-major de la CGT. Le regard de Laurence Parisot n'est porteur d'aucune vision d'envergure.” Mais où est passé le Medef ? Membre du directoire de l'Ifop, célèbre institut de sondages, Parisot est traditionnellement à l'aise sur les sujets sociétaux, comme la diversité ou l'égalité homme-femme. Sa lutte à couteaux tirés contre les caciques de la métallurgie (l'UIMM) a démontré qu'elle avait du caractère. Mais elle est moins convaincante sur les évolutions de fond du capitalisme.
Isolée, Parisot continue sa marche en avant
Sur des dossiers clés, le Medef a loupé le coche. Ainsi, dans l'affaire, si sensible, de la rémunération des grands patrons, où elle a zigzagué pour finalement s'appuyer sur le comité Claude Bébéar, un homme de la vieille garde. Les petits patrons, soucieux de ne pas payer les excès des grands, n'ont pas compris. La présidente du comité d'éthique du Medef, la bouillonnante Sophie de Menthon, a même claqué la porte. Ce départ fracassant n'est que le dernier d'une longue série qui a frappé de grands anciens (Jacques Creyssel) comme des nouveaux (Pierre-Henri Ricaud) ou des valeurs sûres (la secrétaire générale, Anne Valachs).
Tandis que les têtes tombaient, le pouvoir s'est regroupé autour d'une garde rapprochée vite surnommée le “bunker” par les connaisseurs du Medef. Isolée, Parisot continue sa marche en avant en rêvant d'une réélection en 2010 et de poursuivre la “modernisation” qu'elle a voulu initier au sein du patronat. Mais d'autres candidats sont déjà sur les rangs : Geoffroy Roux de Bézieux, président de l'Unedic, et Frédéric Saint-Geours, le nouveau patron de l'UIMM, se verraient bien en successeurs. Les noms de Xavier Fontanet, le patron d'Essilor, et Denis Kessler, président de Scor, circulent aussi. Lors de l'université d'été du Medef, Parisot espère remobiliser autour d'elle.