boulevard de Strasbourg |
pavé du boulevard de Strasbourg |
pavé du boulevard de Strasbourg |
avenue Foch |
pavé de l’avenue Foch |
pavé de l’avenue Foch deuxième vue |
Vue du magasin Printemps et de l’avenue René Coty |
pavé de l’avenue René Coty – en face du Crédit agricole |
pavé de l’avenue rené Coty – en face du Crédit agricole |
« Les horribles pavés du Havre m’ont paru comme un chemin fleuri. » Balzac dans le roman Modeste Mignon.
On estime qu’il fallait renouveler, au 19 e siècle, environ un pavé par an par habitant au Havre. Les pavés de notre cité , en grès, venaient principalement de deux zones : la région parisienne et la Bretagne.
1°Les pavés de l’île de France provenaient notamment d’exploitations proches de cours d’eau (l’Yvette, la Marne, l’Oise ) ou situées dans la forêt de Fontainebleau. Le grès est une pierre très lourde, un mètre cube de grès pèse environ 2,7 tonnes. Il y avait plusieurs dizaines de sortes de types de pavés. Les « platines », par exemple, étaient les pavés qui servaient au pavage des trottoirs. Il existe des carrière de grès ouvertes aux touristes en France ou en Belgique ( Géromont près de Liège). On y découvre comment on fabriquait les pavés.
2° Les pavés de Bretagne et précisément de la ville de Erquy dans les côtes d’Armor. Au large de ce port, au nord, il y avait un gisement de grès silicieux entre le fort de la Latte et le port d’Erquy. Ce matériau avait des teintes variées « entre le rose et le vert tendre ». La première de ces teintes serait la dominante. A titre personnel, j’ai remarqué que certains vieux pavés du Havre avaient effectivement de magnifiques couleurs.
Avant la Seconde Guerre mondiale, les cargos à vapeur venaient chercher à Erquy les pavés et les rapportaient au Havre mais aussi à Rouen. La Société des carrières de l’Ouest s’occupait notamment de ce trafic( avec le navire le Sapho par exemple). De manière étonnante, des « cargos de 100 tonneaux « La Seine », le « Cherbourg », le « Granville » du Havre, le « Pomelin » de Paimpol et le « Constant » de Rouen, venaient livrer du ciment pour la construction de la seconde génération des villas d’Erquy » (source : recherches historiques de Roland Blouin, président de l’association Sainte-Jeanne).
Les pavés bretons avaient la réputation de durer deux fois plus longtemps que ceux de la région parisienne. Le pavé d’île de France durait 33 ans et celui d’origine bretonne 50 ans. Les roues des véhicules et les pieds des chevaux les abîmaient fortement. Les pavés devaient avoir, en général, 23 centimètres de côté. Il s’agit d’une indication intéressante car beaucoup de pavés du Havre n’ont pas cette dimension. L’usure a t-elle provoqué cette diminution de taille ?
Afin de pallier les problèmes de détérioration, certains ingénieurs, en France, tentèrent, au 19 e siècle, d’introduire des pavés de bois. Il y eut des échecs. Le bois ne résistait pas aux inondations. A la fin du 19 e siècle le pavage en bois se développa tout de même. De grandes artères à Paris reçurent un pavage en bois ( rue de Rivoli, avenue de l’Opéra…) mais ce procédé fut de moins en moins employé avec l’apparition de nouvelles techniques. Le pavage en bois des rues a-t-il existé au Havre? Il n’en reste aucune trace et il faudrait consulter les archives des conseils municipaux pendant plusieurs dizaines d’années pour mieux connaître ce sujet.
Finalement, le pavé de granite, plus solide, finit par remplacer le pavé de grès. Surtout, le développement de l’automobile, après la première Guerre mondiale, poussa à l’utilisation de bitume et d’asphalte. Ce dernier paraît plus facile d’entretien et moins bruyant que les pavés.
Les pavés servaient à éviter la boue dans les rues. Ils permettaient d’éviter de salir les vêtements. Ils empêchaient l’eau de stagner et les maladies de proliférer. Les pavés permettent de limiter les risques d’inondation en cas d’orage. Il faudrait en tenir compte dans notre ville qui, dans un passé récent, a vu un certain nombre de rues sous l’eau. Les pavés jouent aussi un rôle de régulation thermique non négligeable en assurant un rafraîchissement naturel en été et en conservant la chaleur plus longtemps en hiver.
D’après la Commission royale des monuments et Sites de Belgique, « ce matériau s’inscrit parfaitement dans l’objectif de développement durable : sa longévité est pratiquement illimitée ; les pavés sont réutilisables et se prêtent à une gestion de stocks ; leur mise en oeuvre permet des interventions ponctuelles (canalisations diverses) et des réparations aisées sans mobiliser de grands moyens. « Cependant, le pavage implique une main d’oeuvre qui coûte cher car il s’agit d’un travail de précision.
J’avais lu sur un site internet que des pavés du Havre avaient été placés sur des terrains le long de la Côte d’Albatre, non loin du Havre, afin de s’en débarasser au moment de la Reconstruction. Ce serait ces pavés qu’on verrait à basse mer le long de la falaise et qui arriveraient, après plusieurs décennies, au fur et à mesure vers Le Havre. N’ayant aucune information fiable à ce sujet, je mentionne cet élément recueilli avec les plus grandes réserves et sans la moindre confirmation historique. Pour l’anecdote, un cabaniste a recueilli de nombreux pavés venus de la mer et a constitué une véritable terrasse devant sa cabane de plage de manière originale.
Pour conclure, on dit parfois que la France, après 1968, se revêtit de nombreuses chaussées de goudron afin que la population ne puisse utiliser des pavés comme armes ! Plus sûrement, la domination totale de l’automobile incita à rendre lisses les voies. Rouler sur du pavé produit, en effet, des vibrations que ressentent le conducteur et les passagers; Au Havre il y avait bien plus de rues avec des pavés il y a encore trois décennies. Même si plusieurs raisons militent contre leur retour, il convient de réfléchir à de nouvelles utilisations des pavés. Demain, le quartier Saint-François pavé et piétonnier ? Demain, une rue-témoin du 19 e siècle dans le secteur Saint-Anne avec un pavage élégant ?
A suivre…
On estime qu’il fallait renouveler, au 19 e siècle, environ un pavé par an par habitant au Havre. Les pavés de notre cité , en grès, venaient principalement de deux zones : la région parisienne et la Bretagne.
1°Les pavés de l’île de France provenaient notamment d’exploitations proches de cours d’eau (l’Yvette, la Marne, l’Oise ) ou situées dans la forêt de Fontainebleau. Le grès est une pierre très lourde, un mètre cube de grès pèse environ 2,7 tonnes. Il y avait plusieurs dizaines de sortes de types de pavés. Les « platines », par exemple, étaient les pavés qui servaient au pavage des trottoirs. Il existe des carrière de grès ouvertes aux touristes en France ou en Belgique ( Géromont près de Liège). On y découvre comment on fabriquait les pavés.
2° Les pavés de Bretagne et précisément de la ville de Erquy dans les côtes d’Armor. Au large de ce port, au nord, il y avait un gisement de grès silicieux entre le fort de la Latte et le port d’Erquy. Ce matériau avait des teintes variées « entre le rose et le vert tendre ». La première de ces teintes serait la dominante. A titre personnel, j’ai remarqué que certains vieux pavés du Havre avaient effectivement de magnifiques couleurs.
Avant la Seconde Guerre mondiale, les cargos à vapeur venaient chercher à Erquy les pavés et les rapportaient au Havre mais aussi à Rouen. La Société des carrières de l’Ouest s’occupait notamment de ce trafic( avec le navire le Sapho par exemple). De manière étonnante, des « cargos de 100 tonneaux « La Seine », le « Cherbourg », le « Granville » du Havre, le « Pomelin » de Paimpol et le « Constant » de Rouen, venaient livrer du ciment pour la construction de la seconde génération des villas d’Erquy » (source : recherches historiques de Roland Blouin, président de l’association Sainte-Jeanne).
Les pavés bretons avaient la réputation de durer deux fois plus longtemps que ceux de la région parisienne. Le pavé d’île de France durait 33 ans et celui d’origine bretonne 50 ans. Les roues des véhicules et les pieds des chevaux les abîmaient fortement. Les pavés devaient avoir, en général, 23 centimètres de côté. Il s’agit d’une indication intéressante car beaucoup de pavés du Havre n’ont pas cette dimension. L’usure a t-elle provoqué cette diminution de taille ?
Afin de pallier les problèmes de détérioration, certains ingénieurs, en France, tentèrent, au 19 e siècle, d’introduire des pavés de bois. Il y eut des échecs. Le bois ne résistait pas aux inondations. A la fin du 19 e siècle le pavage en bois se développa tout de même. De grandes artères à Paris reçurent un pavage en bois ( rue de Rivoli, avenue de l’Opéra…) mais ce procédé fut de moins en moins employé avec l’apparition de nouvelles techniques. Le pavage en bois des rues a-t-il existé au Havre? Il n’en reste aucune trace et il faudrait consulter les archives des conseils municipaux pendant plusieurs dizaines d’années pour mieux connaître ce sujet.
Finalement, le pavé de granite, plus solide, finit par remplacer le pavé de grès. Surtout, le développement de l’automobile, après la première Guerre mondiale, poussa à l’utilisation de bitume et d’asphalte. Ce dernier paraît plus facile d’entretien et moins bruyant que les pavés.
Les pavés servaient à éviter la boue dans les rues. Ils permettaient d’éviter de salir les vêtements. Ils empêchaient l’eau de stagner et les maladies de proliférer. Les pavés permettent de limiter les risques d’inondation en cas d’orage. Il faudrait en tenir compte dans notre ville qui, dans un passé récent, a vu un certain nombre de rues sous l’eau. Les pavés jouent aussi un rôle de régulation thermique non négligeable en assurant un rafraîchissement naturel en été et en conservant la chaleur plus longtemps en hiver.
D’après la Commission royale des monuments et Sites de Belgique, « ce matériau s’inscrit parfaitement dans l’objectif de développement durable : sa longévité est pratiquement illimitée ; les pavés sont réutilisables et se prêtent à une gestion de stocks ; leur mise en oeuvre permet des interventions ponctuelles (canalisations diverses) et des réparations aisées sans mobiliser de grands moyens. « Cependant, le pavage implique une main d’oeuvre qui coûte cher car il s’agit d’un travail de précision.
J’avais lu sur un site internet que des pavés du Havre avaient été placés sur des terrains le long de la Côte d’Albatre, non loin du Havre, afin de s’en débarasser au moment de la Reconstruction. Ce serait ces pavés qu’on verrait à basse mer le long de la falaise et qui arriveraient, après plusieurs décennies, au fur et à mesure vers Le Havre. N’ayant aucune information fiable à ce sujet, je mentionne cet élément recueilli avec les plus grandes réserves et sans la moindre confirmation historique. Pour l’anecdote, un cabaniste a recueilli de nombreux pavés venus de la mer et a constitué une véritable terrasse devant sa cabane de plage de manière originale.
Pour conclure, on dit parfois que la France, après 1968, se revêtit de nombreuses chaussées de goudron afin que la population ne puisse utiliser des pavés comme armes ! Plus sûrement, la domination totale de l’automobile incita à rendre lisses les voies. Rouler sur du pavé produit, en effet, des vibrations que ressentent le conducteur et les passagers; Au Havre il y avait bien plus de rues avec des pavés il y a encore trois décennies. Même si plusieurs raisons militent contre leur retour, il convient de réfléchir à de nouvelles utilisations des pavés. Demain, le quartier Saint-François pavé et piétonnier ? Demain, une rue-témoin du 19 e siècle dans le secteur Saint-Anne avec un pavage élégant ?
A suivre…