L’audacieuse église Saint-Michel

Intérieur

Bâtie en lieu et place de son ancêtre détruite par les bombes, l’actuelle église Saint-Michel brille par son audace architecturale. Des lignes pures et une grande sobriété intérieure renforcent l’atmosphère de recueillement.

Pas une église Saint-Michel mais deux, si l’on considère que la construction de la seconde, moderne, est intrinsèquement liée à la disparition de l’ancienne, « la plus riche église du Havre », comme la décrit Christophe Durand, un passionné havrais qui effectue d’importantes recherches sur l’ancien édifice.
L’actuelle, œuvre de l’architecte Henri Colboc, est bâtie en lieu et place de la précédente, là où en 1790, dans cette partie de la ville, alors faubourg d’Ingouville, on se recueillait dans l’enclave des pénitents.

Sur les constructions provisoires
L’église Saint-Michel, l’ancienne, n’a pas résisté aux bombardements de 1944. Seul son clocher restait debout ; lui-même fut abattu en 1945 cette fois-ci par des mineurs artificiers. La paroisse Sainte-Yves de la Mer perd alors un important lieu de culte. Il lui faut attendre plus de quinze ans pour voir sa renaissance. La coopérative de reconstruction immobilière des églises et édifices religieux est en charge de sa reconstruction, cette dernière subordonnée à la reconstruction de la ville. On apprend ainsi que « l’emplacement retenu, sensiblement le même que l’ancien (…) était encombré de constructions provisoires qu’il n’était pas question de démolir ».
1960 – 1964, le chantier de reconstruction se déploie. Le 4 octobre 1964, l’église Saint-Michel est officiellement inaugurée par l’archiprêtre Max Huet, chanoine du Havre ; le sanctuaire est mis à la disposition des fidèles. Le cardinal Martin, archevêque de Rouen la consacrera en avril 1966.
Première originalité de ce nouvel édifice : le choix du béton. Est alors évoquée « une architecture classique mais audacieuse, qui sera très pure de lignes ». L’église s’impose au milieu d’un vaste parvis dallé sur lequel s’érige le clocher extérieur, long de 47 m, bâtis à partir d’éléments préfabriqués.

La mémoire du passé
Son intérieur est tout en sobriété. Huit colonnes de béton soutiennent la toiture, comme un livre ouvert, et l’ensemble de verrières réalisées par le maître verrier Boutzen, renforce l’atmosphère de recueillement.
En cette enceinte subsistent quatre éléments de l’ancienne église Saint-Michel : « La Vierge d’argent», en réalité en galvanoplastie, réalisée suite au vœu émis par les Havrais de ne pas voir leur ville occupée par les Prussiens en 1870. Cette vierge fut cachée à Honfleur lors de l’Occupation », indique Christophe Durand, « elle contient aussi des habits sacerdotaux offerts lors d’un jubilé, un ostensoir qui aurait été offert par Napoléon III et quelques lustres.
On trouve aussi une pierre de l’ancien Hôtel de ville du Havre ainsi qu’un mobilier en teck offert à l’après-guerre, par un riche négociant havrais ».
On admire aussi le magnifique autel en marbre noir allié à la pierre de Rocheron, œuvre de M.Monlon qui pèse la bagatelle de 8 tonnes.
L’église est appréciée mais le béton, son matériau de base, entrave la bonne diffusion du son, perturbant le recueillement. En 1990, des abat-sons de tissus et de bois sont installés sur les murs pour réduire l’écho.
Karine Lebrun
(Source documentaire : Archives Municipales du Havre)

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