La nouvelle mairie de Villequier

inauguration15Ce matin entre deux ondées, sur les hauteurs de Villequier, à quelques mètres des tombes de la famille Vacquerie et de cette chère Leopoldine, à l’ombre de l’une des églises que compte le village, j’ai coupé le ruban tricolore qui barrait la porte d’entrée de la nouvelle mairie, accompagné par Jacques Bardel, le maire, Monsieur le Préfet et Martine Blondel, vice-présidente du Département. Devant nous se tenaient une petite foule d’habitants et un parterre d’élus des communes alentours. L’Harmonie de Grandcamp était présente pour jouer quelques morceaux et notamment une vibrante Marseillaise. L’ancien presbytère, devenu mairie, était pare des oripeaux de la République et d’abord de sa devise avec les mots Liberté, Égalité, Fraternité, visibles de loin, peut-être même depuis la Seine, majestueuse en contrebas. On a coutume de dire qu’on ne bâtit rien de solide sans fondation. Il existe deux sortes de fondation, les matérielles et les immatérielles. J’ai préféré ce matin ne pas m’attarder sur les choses trop matérielles et revenir sur les longs épisodes qui ont émaillé la réhabilitation de l’édifice. Je ne voulais ouvrir une “nouvelle bataille d’Hernani”. J’ai préféré faire appel aux profondeurs de la mémoire et aux entrelacs des souvenirs. Inaugurer une mairie nous renvoie  à la République. La République nous rapproche de Victor Hugo. Le grand homme nous ramène à Villequier. La boucle est bouclée. Depuis la tragique noyade de Leopoldine, le 4 septembre 1843, le village est intimement lié à cette “légende du siècle”. Les enfants de Villequier et d’ailleurs, ont appris comme moi le célèbre poème des Contemplations publié en 1856, à la mémoire ou à l’adresse de Leopoldine. “Demain, des l’aube, à l’heure ou blanchit la campagne, je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. J’irai par la forêt. J’irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps…”. Ce sont ces vers qui me sont revenus en mémoire ce matin au moment de faire mon discours et que j’ai essayé de réciter comme un éleve appliqué. Je n’étais pas le seul à m’en souvenir. Pendant la visite de la mairie, dans la salle du conseil municipal, devant un portrait de Victor Hugo réalise par Bonnat et dédicacé par l’écrivain, Jean-Claude Weiss, président de la communauté de communes Caux Vallée de Seine, Bastien Coriton, maire de Caudebec-en -Caux et Jean-Pierre Girod, président du Parc Régional, m’ont confié avoir appris ce poème et quelques autres. Preuve supplémentaire que Victor Hugo figure non seulement au Panthéon de notre République mais aussi en bonne place dans notre mémoire collective. Il fait partie de notre éducation. Ces mots emplissent nos mémoires comme le sang qui coulent dans les veines. Capables de jaillir à la moindre égratignure. Comme des blessures de l’âme. Evoquer Victor Hugo ce n’est pas seulement citer le poete c’est aussi saluer l’homme politique, l’homme d’actions et de combats, presque l’irreductible. Combat contre l’ignorance, contre la peine de mort, contre le travail des enfants, contre la misere, pour le suffrage universel, pour la liberte de la presse… Avec comme arme asbolue et tellement efficace, le verbe toujours le verbe. Pour conclure mon propos, délaissant les Contemplations, j’ai repris cette formule tirée des Châtiments, “ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent..”. Il existe aujourd’hui un combat qui reste d’actualité, c’est la défense des valeurs de la République et du vivre ensemble. Quelques hirondelles avaient deja fait leurs nids sous le rebord en briques rouges du mur sur lequel sont inscrites en belles lettres noires, Liberté, Égalité , Fraternité. Heureux présage?

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