Toulouse, c’est le Congrès de l’unité et de la responsabilité

photo-gb-toulouseCet après-midi, au Congrès du PS, j’ai eu l’honneur d’ouvrir nos travaux. Voilà retranscrite mon intervention, qui peut également être visionnée en cliquant ici.

Chers camarades,

Je suis heureux et fier, à la demande de Harlem DESIR qui clôturera notre débat, d’entamer celui-ci en posant quelques enjeux de ce Congrès de Toulouse.


Notre Congrès doit être celui de l’unité et de la responsabilité.

Pour la première fois en effet depuis Epinay, voilà plus de 40 ans, les socialistes tiennent congrès alors que le Président de la République est l’un des nôtres, que le Gouvernement est à direction socialiste, que l’Assemblée nationale et le Sénat disposent d’une majorité de gauche, que nombre de collectivités territoriales sont conduites par notre parti avec nos partenaires.

Nous avons milité pour cela, espéré cela, conquis cela. Ne nous en excusons pas ! Soyons-en fiers ! Nous n’avons pas conquis ces pouvoirs, comme le disent certains, par « effraction », mais par le suffrage universel et par les élections. Donc soyons-en fiers !

De grands pouvoirs confèrent de grandes responsabilités. C’est à elles que je veux consacrer mon propos.

1 – Notre première responsabilité, c’est de rappeler celle de la droite et de porter avec force nos propres valeurs socialistes. Fermons les yeux un instant et faisons un cauchemar : imaginons une France avec SARKOZY réélu.

Le matin, au réveil, on stigmatiserait les « corps intermédiaires » et les étrangers. A midi, on accuserait les chômeurs d’être – je cite – « le cancer de la société ». L’après-midi, on nous expliquerait que – je cite toujours – « l’écologie, ça commence à bien faire ». Au dîner, on baisserait l’ISF pour quelques-uns mais on augmenterait la TVA pour tous les autres. Viendrait le coucher où, pour boucler la boucle, on nous rappellerait que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ». Eh bien, moi, je suis heureux que le 6 mai, le peuple de France ait voulu vivre d’autres journées, avec un autre président menant une autre politique au nom d’autres valeurs.

Déficit budgétaire, déficit commercial, déficit de croissance, déficit d’emplois : la droite, cela commence par un D comme déficits. Rappelons sans cesse au pays ce très lourd bilan de clôture de la droite qui est aussi notre difficile ligne de départ. L’ardoise de 10 années UMP est économique et sociale, elle est aussi démocratique et morale. Au cours de cette décennie, ce qui cimente la République avait été trop souvent oublié ou abîmé.

D’abord, le règne de l’argent-roi par ceux qui martèlent qu’« à 50 ans, si on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Merci François HOLLANDE, Monsieur le Président, d’avoir, au premier jour de votre quinquennat, décidé de réduire l’indemnité du chef de l’Etat et des ministres et d’installer l’écart de 1 à 20 dans la grille de rémunérations des dirigeants d’entreprises publiques.

Les attaques contre la laïcité : n’ayons pas la mémoire courte ! Face à ceux qui affirmaient « la supériorité du prêtre sur l’instituteur », merci François HOLLANDE d’avoir apporté la plus belle des réponses : la priorité à l’éducation et à la morale laïque.

Enfin, entre la droite et l’extrême droite, là où le Général DE GAULLE puis Jacques CHIRAC avaient établi une digue, SARKOZY et ses épigones avaient construit des passerelles. Merci Monsieur le Président HOLLANDE d’avoir renoué avec la seule identité qui vaille, cette identité républicaine qui n’oppose pas les Français selon leur âge, leur territoire, leur couleur de peau, leur croyance ou leur patronyme, mais qui ne reconnaît qu’une seule communauté : la communauté nationale.

2 – Le Parti socialiste a une autre responsabilité: dire la vérité sur le moment si particulier que vit notre pays. C’est difficile ? Oui, c’est difficile. Mais c’est une constante qu’on nous confie le pouvoir précisément lorsque et parce que c’est difficile.

Je suis l’élu d’un territoire industriel. En Seine-Maritime, j’ai grandi avec autour de moi des usines, comme d’autres grandissent avec face à eux des montagnes. Et ces usines, non seulement il ne faut pas qu’elles disparaissent, mais il faut que d’autres viennent près d’elles, avec des ateliers, des bureaux d’études, des laboratoires de recherche. Un pays sans usine, c’est un pays qui décline ! Oui, nous sommes en guerre contre le déclin. Le Parti socialiste que nous voulons, c’est le parti qui n’accepte pas que la France devienne un pays du passé.

Chez moi il y a Petroplus, comme ici à Toulouse il y a Sanofi, et avec les salariés, nous voulons une France de production, d’innovation, de formation. Le destin de la France n’est pas de devenir un parc d’attraction où les classes huppées du monde entier viendraient consommer un art de vivre auquel nous n’aurions plus droit ici, faute d’emplois et de pouvoir d’achat.

3 – En politique, vous le savez, la bataille est toujours d’abord celle des idées et des propositions. J’ai eu l’honneur d’être, au nom de tous, le rédacteur de notre projet pour 2012 : je souhaite que dans le futur, notre parti continue d’avoir une gauche d’avance par les idées.

Nous avons tous fait campagne sur le projet présidentiel de François HOLLANDE. Le rôle du Parti est d’aider à sa mise en œuvre : d’ici la fin de l’année, au moins 25 des 60 engagements auront été concrétisés par le Gouvernement de Jean-Marc AYRAULT ! C’est aussi cela, le message de Toulouse, qu’il nous faut relayer dès lundi dans nos territoires auprès de nos concitoyens. La mission du parti, c’est aussi d’enrichir l’action du Gouvernement en le nourrissant d’idées nouvelles qui faciliteront la réussite du changement. Commençons aujourd’hui même, c’est le lieu, en attendant les Conventions nationales qui viendront et qu’il faudra – je le propose – ouvrir aux électeurs de la primaire citoyenne.

Commençons aujourd’hui et commençons par l’Europe. Le chef de l’Etat l’a mise sur les rails de la croissance verte et de l’emploi. En appui du paquet croissance obtenu par la France, proposons de sortir les investissements d’avenir du calcul des déficits publics et des fameux 3% : le vrai choc de compétitivité, ce serait celui-là, un choc de solidarité européenne et d’investissements. Autre urgence : les échanges commerciaux et leur grave déséquilibre. Lorsqu’à Bruxelles, est discutée – c’est le cas actuellement – une directive sur l’accès aux marchés publics, comme socialiste alter-européen, je demande que la réciprocité s’impose. Que l’Europe se fasse respecter face aux pays qui ferment leurs marchés à nos entreprises et à nos produits en multipliant les barrières de toutes sortes. Avec 27 millions de chômeurs, l’Europe ne doit plus être le ravi de la crèche mondiale !

L’accès à la santé est une autre priorité concrète. Bravo au Gouvernement de s’attaquer aux dépassements d’honoraires, mais il faut aussi combattre les déserts médicaux. Pour des millions de Français, accéder aux soins est un problème quotidien. J’ai le plus grand respect pour la profession médicale. Mais il faut dire la vérité : les médecins sont formés par la collectivité et ils sont rémunérés par elle ; en retour, il me semblerait juste de leur demander de consacrer leurs premières années d’exercice aux territoires qui manquent d’une offre correcte de santé.

Nous sommes le parti des libertés. Il y a un engagement – l’engagement 21 – du projet présidentiel : le droit à une aide médicalisée pour achever sa vie dans la dignité quand la maladie est incurable ou la souffrance insupportable. Eh bien, moi je dis que le moment est venu d’accorder cette liberté au nom de notre conception même de la personne humaine. Vouloir ce progrès, c’est l’honneur des socialistes.

La dernière proposition que je soumets concerne la parité en politique. Nous avons porté, nous les socialistes, cette exigence. Le système actuel est fondé sur des « amendes », il n’est pas assez dissuasif. Il est même peu vertueux. Proposons donc, nous socialistes, une mesure simple : la suppression des dotations publiques pour les partis qui ne respectent pas la parité.


4 – Mes camarades, une autre grande responsabilité du Parti socialiste, c’est de continuer de se rénover et de rassembler la gauche. C’est la meilleure manière de prolonger le chemin tracé par Martine AUBRY qui a été une grande Première secrétaire que je salue avec amitié et affection.

La rénovation, nous l’avons initiée alors que d’autres formations n’osent même pas y penser. Parité, diversité, renouvellement, mais aussi non-cumul des mandats. Le socialisme c’est le partage, alors pourquoi ne pas partager les mandats et les fonctions?

Quant au rassemblement de la gauche et des écologistes, il est et reste indispensable. Les Français aiment quand la gauche discute, pas quand elle se dispute ! Cette vérité, ne l’oublions pas pour le futur, ni au niveau national ni à l’échelon local.

*

Chers camarades, je le disais en commençant, notre Congrès de Toulouse est celui de l’unité et de la responsabilité. Ma génération et les autres, nous avons attendu 20 ans un Président socialiste ! Nous avons attendu 10 ans un Gouvernement de gauche ! C’est maintenant que tout commence. Alors, tous ensemble, au travail.

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