La banane!

Banane !

Avant de mettre en place un plan Banane durable qui a eu pour objectif de réduire de 80 pour cent l’usage des pesticides, Les Antilles ont du
faire face a une des plus importantes pollutions industrielles du territoire français . Un Tchernobyl qui a rendu inculte pour des siècles les basses terres de la Guadeloupe.

L’histoire de cette pollution commence lorsque la firme Dupont de Nemours commercialise en 1958 le Kepone, un pesticide organochloré
persistant pour lutter contre le charançon. Un accident chimique en 1975 entraîne pourtant son interdiction par les États-Unis. En France, il obtient une autorisation durable !en
1982 !

 Entre temps la société Laurent de Lartigue, gros producteur de banane locale a
racheté la molécule et la commercialise sous le nom de Curlone. L’alerte « cancer » est donnée par l’OMS en 1979. Les effets sont connus : angoisses, céphalée, cancer de la
prostate et problème dans le cycle de reproduction.

Deux cyclones et une crise économique (un actif sur vingt travaille pour la filière banane) auront eu raison de ces avertissements.
Résultat : une partie des meilleures terres cultivables (un sixième de la Guadeloupe) sont interdites à la culture et on ne mesure pas encore toutes les conséquences sur la pollution de
l’eau et des rivages.

Alfred Thefee qui organise des réunions dans les îles avec son association Orgapeyi essaye de réinventer la culture de produits locaux. S’il
met en cause l’État dans la mauvaise gestion de cette crise, il reste optimiste sur le développement touristique des îles. « La reconversion des petits producteurs n’est possible que sur les
terres épargnées par l’épandage aérien massif des années chlordécone » et il pose aussi la question de l’autonomie alimentaire des îles « Qui contrôle tout ce qui vient des pays
alentours ? »

Il est difficile aujourd’hui d’établir clairement la chaîne de responsabilité qui a causé la désertification d’une partie de ce territoire
d’outre-mer. Les pouvoirs publics reconnaissent ne pas avoir fait preuve de discernement en autorisant la mise sur le marché de cette première génération de molécule aux mains de grands
producteurs locaux de bananes.

 Coïncidence, la supposée « chasse aux blancs » aux Antilles,
comme la montée des indépendantismes dans les années 80 donnait peu de marge aux politiques de l’époque. Un deuxième front aurait pu entraîner la victoire des thèses séparatistes ?
Cette pollution durable des sols ne serait-elle pas la conséquence d’un désengagement politique de l’État français dans la gestion des territoires. Un épandage organochloré pour éradiquer le
charançon ou toute autre espèce de prédateur ?

 

Igor Deperraz

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