A quand de vraies mesures?

Malgré les alertes sanitaires, en dépit des menaces de sanctions financières de la cour de justice de l'Union européenne, la France ne respecte pas les normes européennes de qualité de l'air. Douze millions de Français vivent dans des zones où les limites annuelles d'émission de particules PM10, extrêmement nocives pour la santé, sont dépassées. 60 % de la population est exposée à un air dégradé, principalement dans les grandes agglomérations, mais pas seulement. La vallée de l'Arve par exemple, au pied des Alpes, entre Chamonix et Cluses (Haute-Savoie), est régulièrement en alerte, victime du trafic international des camions.

La région Ile-de-France est chroniquement concernée par les dépassements en matière de particules fines mais aussi de dioxyde d'azote. En 2012, trois millions de Franciliens ont été exposés à des niveaux de pollution trop élevés. Les mesures prises ces derniers jours par les préfectures ne sont pas à la mesure de l'enjeu. A Paris, elles se sont limitées à un abaissement de la vitesse autorisée, à l'interdiction des feux de cheminée en foyer ouvert et à l'incitation pour les poids lourds de plus de 3,5 tonnes en transit à contourner l'agglomération parisienne.

Ces dernières années, la France a échoué, malgré les recommandations du Grenelle de l'environnement, à instaurer des zones de protection de l'atmosphère, comme il en existe en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie. Deux cents villes en Europe se sont dotées de ces dispositifs d'accès restreint, où sont notamment bannis en permanence les véhicules les plus polluants.

Les Allemands, pionniers, en disposent d'une soixantaine. Berlin arrive désormais en tête des grandes villes européennes pour sa qualité de l'air, suivie de Copenhague, qui s'est fixé pour objectif d'atteindre la moitié des déplacements de ses habitants en vélo, et de Stockholm. Cette dernière, comme Londres, Oslo et Milan, a également instauré des péages urbains, une solution que la France rejette pour l'heure, au nom de la justice sociale.

Décidée par le gouvernement de François Fillon en 2010, la création de « zones d'action prioritaires pour l'air » dans huit agglomérations avait été avortée en septembre 2012 par Delphine Batho. La ministre de l'écologie avait alors annoncé un « plan d'urgence », sans ambition, qui reposait principalement sur des plans locaux de protection de l'atmosphère contraignants.

La France se refuse par ailleurs à aligner la fiscalité avantageuse du diesel sur celle de l'essence, alors que celui-ci est un gros émetteur de particules fines et classé cancérogène par l'Organisation mondiale de la santé. Elle dispose du parc automobile le plus «diésélisé» au monde, et vieillissant.

 Les trois quarts des véhicules particuliers diesel ne sont pas équipés de filtres à particules. Or, une étude d'Airparif a montré que le remplacement de tous les véhicules particuliers diesel par des véhicules essence (norme Euro) permettrait d'abaisser de 25 % à 35 % les émissions de particules fines et de 35 % les rejets d'oxyde d'azote en région parisienne. Mais ce transfert n'aurait pas que des avantages: il augmenterait de 6 % les rejets de dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique.

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