Démolition du Foyer brindeau

Le vingt-et-unième siècle me semble marquer un tournant dans l’histoire des bâtiments havrais. Des constructions assez récentes (aujourd’hui le foyer Brindeau, demain la Sécurité Sociale ) disparaissent ou sont appelés à disparaître. La période d’utilité d’une construction diminue. Les normes qui régissent les établissements recevant du public changent et il devient souvent nécessaire d’envisager une construction plutôt qu’une reconversion. De manière plus profonde, on en vient à se demander si les stylos, briquets, rasoirs jetables n’inspirent pas cette nouvelle tendance économique de bâtiments « jetables » ! Seule les institutions ou grandes structures peuvent se permettre ce renouvellement qui coûte très cher… Il y a toujours davantage besoin d’argent public.
 
Le particulier est aussi concerné par cette évolution. Il suffit de regarder un certain nombre d’immeubles récents au Havre pour constater leur mauvais état extérieur. Comment-se fait-il qu’un immeuble de moins de dix ans ait déjà l’air délabré ? Construire un bâtiment qui va durer 150 ans devient presque inimaginable.
 
Pour ces raisons je pense que l’architecture Perret, pourtant considérée comme joyau du patrimoine mondial, finira un jour par gêner certains intérêts… Trop parfaite, non remplaçable,  elle fera figure paradoxalement de Vieux-Havre. Les aménageurs et promoteurs de toutes sortes fuient et repoussent les situations stables. Dès qu’il y a de la valeur ou de la plus value, tout est jouable.
 
La notion de Vieux-Havre d’avant-guerre en lien avec les spéculations en tous genres n’a jamais été étudiée. Les historiens du Havre ont souvent une vision trop « innocente » des choses. Le fait que le Vieux-Havre d’avant-guerre était laissé  dans sa saleté, dans son « jus », comme l’indiquent les témoignages, n’était-il pas un excellent moyen d’entraîner sa disparition ? On sait (je parle de mémoire) qu’il existait avant la guerre des projets tendant à totalement transformer Saint-François. Une histoire moins angélique de la ville serait bienvenue.  
 
Quand un quartier du Havre se dégrade par rapport aux autres il faut se poser des questions. La perception instinctive des habitants quant au devenir de leur secteur me touche. Lors du dernier conseil de quartier, les habitants du « village » des Neiges avaient peur que la disparition de leur quartier, après la Cité Chauvin, soit programmée en faveur du port. J’apprécie cette vision des habitants.  
 
 
 
  
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