Le serment d’Hypocrite

 

L'éditorial de Maud Vergnol : "Les apprentis sorciers libéraux s’entêtent à prescrire la potion amère de l’austérité pour réduire les symptômes de la dette, sans se préoccuper des effets secondaires, notamment sur la santé publique."

Ils ont nos vies entre les mains et travaillent jusqu’à 70 heures par semaine… payées 40. Ils enchaînent des gardes de 24 heures dans des conditions indignes mais ne bénéficieront pas du futur « compte pénibilité », qui entrera en vigueur le 1er janvier. À partir d’aujourd’hui, les médecins urgentistes s’engagent dans une grève illimitée. Leurs revendications ? La stricte application des directives européennes qui préconisent que les médecins ne doivent pas travailler plus de 48 heures par semaine, et une valorisation de leurs heures supplémentaires au-delà de 39 heures.

Stress, semaines à rallonges, travail de nuit, sous pression en permanence : plus d’un urgentiste sur deux s’est déclaré en burn-out l’année dernière. Pas de quoi faire rougir de honte la cohorte ultralibérale qui continue de dénoncer le manque de « compétitivité » des travailleurs français et « la prise d’otages des malades ». Au contraire, les apprentis sorciers libéraux s’entêtent à prescrire la potion amère de l’austérité pour réduire les symptômes de la dette, sans se préoccuper des effets secondaires, notamment sur la santé publique. Et il y a fort à parier qu’ils seront bien plus indulgents envers les mobilisations des médecins libéraux, dont les plus droitiers sont vent debout contre le projet de loi de Marisol Touraine, qu’ils jugent « hospitalo-centrée », allant jusqu’à dénoncer « une bolchevisation de la santé ». Leur bête noire est la généralisation du tiers payant, qui permettrait pourtant au patient de ne plus faire l’avance de la consultation. Et pour achever de brouiller le message, les patrons des cliniques privées appellent eux aussi à une cessation d’activité de leurs établissements à partir du 5 janvier. La manipulation a beau être grossière, elle a déjà porté ses fruits. La ministre a reculé sur quelques dispositions essentielles du projet de loi et consenti au report de l’examen du texte. Le temps, pour les libéraux, de « réécrire de fond en comble » la loi santé et de la vider de sa maigre substance.

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