CODAH : Des recettes nouvelles, oui, mais pas sur le dos des ménages !

Nathalie Nail a dénoncé jeudi dernier le budget prévisionnel de la CODAH pour l’année 2015. Ce dernier s’inscrit dans la logique des politiques d’austérité qui nous empêchent de sortir de la crise et qui amènent notre pays à revenir en arrière.

Lors de sa prise de parole, Nathalie Nail a insisté sur la nécessité de trouver de nouveaux financements pour les collectivités locales, de manière à leur permettre d’assurer leurs missions. Que les choses soient claires : il ne s’agit pas de taxer une fois de plus les ménages et les petites entreprises qui ont déjà du mal à boucler leurs fins de mois. Au contraire, notre volonté, c’est d’aller chercher l’argent là où il y en a, c’est-à-dire dans le bénéfice des grandes entreprises et dans le porte-monnaie des actionnaires !

Monsieur le Président, chers collègues,
Je ne voterai pas ce budget 2015, un budget qui s’inscrit dans un contexte général qui pèse de plus en plus lourdement sur nos territoires, nos populations et nos collectivités territoriales.

Alors qu’elles sont l’un des moteurs de l’investissement et l’un des atouts de sortie de crise, les collectivités locales servent, depuis des années, de variable d’ajustement, victime de la même volonté, d’une année sur l’autre, de diminution de la dépense publique, et ce depuis plus de 30 ans de politiques libérales.
Présentée comme la seule réponse à la crise, cette politique d’austérité aggrave tous les problèmes.
Ainsi, après plusieurs décennies de réductions budgétaires, de transferts de charges et de désengagement de l’État, d´explosion de la demande sociale, d’aggravation de la crise économique, du chômage et de la précarité, de multiplication de nouvelles normes et de contraintes réglementaires, de révision générale et permanente des politiques publiques, la cote d’alerte est atteinte.  Et le décalage entre les besoins qu’expriment l’ensemble des acteurs de terrain, la population,  et le discours « officiel » qui n’offre comme seule perspective la maîtrise des dépenses de fonctionnement, ce décalage devient insupportable.

Et il serait pourtant  nécessaire de mettre en œuvre des propositions novatrices :

  • Pour réduire les inégalités qui continuent de s’aggraver, inégalités sociales et inégalités territoriales et qui frappent plus durement encore les familles les plus en difficultés (avec une baisse de la taxe des ordures ménagères, des tarifs de transports en commun qui tendent vers la gratuité par exemple, idem pour les tarifs des piscines, ou l’abonnement au service des eaux où de trop nombreuses familles peinent à solder leurs factures
  • Pour renforcer l’attractivité nécessaire de notre agglomération et assurer son développement en assurant un haut niveau de développement économique et des services publics de qualité et de proximité plutôt que d’accepter sans mot dire leur désertion
Mais pour faire face aux besoins croissants de nos territoires et de leurs habitants,  il faut évidemment  mobiliser de nouvelles ressources financières afin de donner plus de moyens aux collectivités, avec une vraie réforme de la fiscalité d’une part. Et je regrette que la proposition de mon collègue François Guégan ne puisse être étudiée.
Il est urgent d’autres part de réorienter l’argent vers les dépenses utiles en s’attaquant résolument aux privilèges et aux richesses du capital financier qui continuent de s’accumuler de façon insolente.
J’entends déjà certains dire ici que je tiens un discours idéologique…
Non ! Messieurs-dames, c’est bien plus qu’un discours, c’est la seule issue à la situation que nous connaissons collectivement, car non je ne me résous pas à choisir entre 50 milliards de réductions des dépenses publiques actuelles ou les 150 à venir comme le propose l’UMP, toujours plus pour avoir moins au bout du compte…
Et je me place comme d’autres ici, dans la recherche des recettes, car elles existent vous le savez aussi bien que moi, c’est une question de courage politique que de s’attaquer à aller les chercher. Et ce n’est pas au LH Forum de l’économie positive, que l’on fera ce type de propositions !
Et je voudrais au passage dénoncer au passage toutes ces campagnes culpabilisantes à l’égard des collectivités et  devenues monnaie courante  pour au moins deux raisons :
1) Car elles permettent de masquer que le problème posé à la France, est avant tout un problème de ressources nouvelles à trouver, et 2) elles permettent de désigner à la vindicte publique, des boucs émissaires, et ainsi de faire accepter les diktats de l’Europe et des marchés financiers qui exigent une baisse drastique des dépenses publiques pour rembourser  la fameuse dette de 2000 milliards d’euros.
De ce point de vue, avec ce gouvernement, c’est vrai, peu de choses ont changé d’avec ses prédécesseurs.
Cet argument, pour réel qu’il soit, sert avant tout à formater les esprits et à faire accepter, par nos concitoyens, toutes les politiques d’austérité.
En effet, n’y a-t-il pas plein de bon sens à rembourser ses dettes ? Bien sûr, c’est tout à fait logique et même moral. Vous serez le premier à me répondre cela Monsieur le Président. Mais regardons-y de plus près : cette fameuse dette de 2000 Mds est causée pour 79 % par les dépenses de l’Etat.

Ainsi, la part des collectivités locales dans le déficit public est de loin sans commune mesure puisqu’il est autour de 9 %. Donc, comme l’Etat a réduit ses dépenses, et que celles-ci n’ont augmenté que de 2 % en 30 ans, il faut bien se résoudre à admettre que notre endettement national est surtout dû à un déficit de recettes.

Mais nulle part  on ne dit par contre le poids terrible que font peser sur notre économie, les exonérations fiscales et sociales accordées aux grandes entreprises pour l’essentiel. Sur cette même période, elles représentent 488 Mds €.
L’obligation pour les Etats, depuis 40 ans, de se financer auprès des marchés financiers et non plus auprès des banques centrales, plombe aussi notre économie.
Ainsi les 2 % d’intérêts versés aux marchés se montent, pour cette période, à 589 Mds € pour notre économie.
Faut-il aussi souligner les conséquences de l’évasion fiscale, chaque année ce sont entre 50 et 80 Mds € qui échappent au fisc français ! Voilà, Monsieur le Président, chers collègues, quelques réflexions pour trouver des recettes que je livre au débat. Des propositions d’avenir que vous ne trouverez pas au LH Forum !
Et qui fait que non ! je ne partage pas l’idée qu’il faille sans cesse réduire les dépenses utiles aux populations.
Je l’ai dit et le répète aujourd’hui, oui, l’argent existe pour faire fonctionner les services publics, valoriser les territoires, répondre aux besoins des habitants,
L’argent existe et il n’est pas caché derrière le fonctionnaire que l’on ne veut pas ou ne peut pas remplacer.
L’argent existe et nous savons tous qu’il n’est caché ni dans les collectivités locales, ni derrière les services utiles à la population, au vivre ensemble et à la cohésion nationale.
L’argent existe et il faut oser aller le chercher là où il ne sert à rien sinon à enrichir une poignée d’actionnaires et de privilégiés.
Il n’y a pas d’autre alternative à la situation que nous connaissons collectivement, car se résoudre à réduire nos capacités d’actions, c’est valider le fait de remettre en cause notre collectivité, et la boucle sera bouclée…je ne m’y résous pas !

Cette publication est issue du site L'opposition municipale au Havre avec Nathalie Nail.
Voir la publication originale : CODAH : Des recettes nouvelles, oui, mais pas sur le dos des ménages !

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