Il faudrait peut-être en parler dans les réunions publiques officielles organisées de façon séparée par les deux exécutifs régionaux normands pour présenter les perspectives et projets de la Normandie unifiée (la seule nouvelle région qui, sur la nouvelle carte, portera son nom… historique).
Nous l’avons déjà dit et notamment dit tout particulièrement à qui de droit, qu’il était vain voire absurde de vouloir présenter la future Normandie unie sans évoquer la façon dont les fonctions et pouvoirs seront répartis et organisés entre les trois villes-agglomérations têtes d’une Normandie urbaine profondément polycentrique
Répétons-le:
50% des 3,3 millions de Normands vivent ailleurs que dans les agglomérations de Caen, Rouen ou Le Havre. En Normandie: une ville de moins de 10 000 habitants tous les 20 km.
L’Etoile de Normandie soutenant en cela les réflexions et propositions du collectif des Quinze géographes universitaires normands invités par le collectif « Bienvenue en Normandie » au séminaire de l’Université Populaire de Caen, a toujours défendu le principe d’un réseau métropolitain capitale régionale Caen-Rouen- Le Havre via une distribution raisonnée et équilibrée des fonctions et centres de pouvoir, sur la base d’un réseau coopératif des différences complémentaires entre les trois villes.
Mais force est de constater que notre idéalisme normand nous a fait sous-estimer la puissance de certaines forces obscures et archaïques qui règnent encore dans le monde antédiluvien de la vie politique: notre ami le philosophe Michel Onfray n’avait pas totalement tort lorsqu’il évoquait certains « requins » grands prédateurs qui imposent un rapport de force aux bancs de poissons, même si la Nature peut nous démontrer qu’un banc de petits poissons bien coordonnés peut mettre en fuite un grand requin blanc. Mais l’état du rapport des forces politiques intra-normand ne permettra pas hélas de filer cette métaphore animalière plus avant: le patron c’est Fabius et Fabius est à Paris donc à Rouen.
Selon de récentes informations que nous avons pu recouper, (à moins qu’il ne s’agisse d’un nouveau ballon d’essai des socialistes fabiusiens rouenno-rouennais), le partage des rôles entre Caen et Rouen se ferait non pas sur la base des fonctions à répartir (par ex: la préfecture d’un côté et le conseil régional de l’autre) mais bien sur le profil géographique, économique, institutionnel déjà en place dans chaque ville…
Ainsi, c’est bien le couple CAEN TECHNOPOLE / ROUEN METROPOLE qui est pertinent pour toute la Normandie mais ce choix a pour conséquence immédiate la perte du statut et rôle de « capitale régionale » pour Caen au profit de Rouen avec la nécessité de reconstruire un nouveau rayonnement régional normand pour Caen, ce qui à Caen sera politiquement difficilement acceptable si l’on continue à mettre systématiquement la question « capitale » sous la moquette des salles de réunion d’un pseudo débat public régional!
Nous avons beaucoup réfléchi aux effets de cette nouvelle clef de répartition normande entre Caen et Rouen (et Le Havre?) qui semble donc avoir la corde désormais du côté des grands élus socialistes normands même si la consigne officielle demeure de n’en rien dire !
Et tout compte fait, nous pourrions nous en réjouir doublement pour l’avenir de la Normandie car il s’agirait du grand retour de l’ATHENES NORMANDE (CAEN) et de la renaissance de NOTRE BABYLONE NORMANDE (ROUEN) selon le mot célèbre de Gustave Flaubert.
Carte postale du début du XXe siècle: les toits de l’ancienne « Athènes normande » vus depuis le clocher de l’église Saint Pierre avant le désastre de 1944. Cet épithète « d’Athènes Normande » attribué à Caen par Segrais, secrétaire de l’académie des arts et belles lettres et ami de Madame de Sévigné évoque le prestige et l’ancienneté de l’université de Caen fondée en 1432 par le roi d’Angleterre Henry VI, détruite en 1944 et reconstruite en 1957 dans le cadre du grand palais universitaire Henry Bernard (classé MH depuis 2012)
http://normandie.canalblog.com/archives/2013/06/11/27379853.html
Vue d’artiste depuis la terrasse du futur siège de Rouen Métropole Normandie: au loin les flèches de la cathédrale primatiale de Normandie depuis 2004: la cathédrale de Rouen est à nouveau l’église « métropolitaine » des diocèses catholiques normands, renouant en cela avec une histoire multiséculaire remontant au IIIème siècle après Jésus Christ…
CONCRETEMENT:
1) ROUEN METROPOLE siège de la préfecture régionale et de l’hôtel de région (sachant que les assemblées plénières des futurs 102 conseillers régionaux Normands pourront se réunir aussi à l’abbaye aux Dames à Caen):
Le principal intérêt serait d’obliger la nouvelle métropole rouennaise à la Normandie, à faire clairement le choix de la Normandie pour mettre enfin à distance l’influence parisienne et éviter la « Normandie parisienne »: le pilotage des pôles de compétitivité stratégiques (ex Movéo) et le contrôle de l’Axe Seine sont les enjeux les plus essentiels et les plus urgents. La principale difficulté sera aussi d’éviter la « Normandie rouennaise » car il faudra bien tenir compte des autres villes normandes, à commencer par Le Havre et Caen: sauf que le sectarisme légendaire des élus fabiusiens rouenno-rouennais n’est pas la culture politique idoine pour développer un réseau coopératif…
2) CAEN TECHNOPOLE siège de la CUE Normandie Universités, du rectorat de l’académie de Normandie (retour à la situation d’avant les années 1970), de la DRAC de Normandie et de la politique régionale en matière culturelle, scientifique, formation supérieure:
Caen deviendrait alors la capitale culturelle, intellectuelle, scientifique et créative de la Normandie, un rôle plus qu’honorable que l’actuelle matière grise caennaise assume déjà totalement. Si le grand retour de l’ATHENES NORMANDE se précisait ainsi, il pourrait être renforcé par la présence d’une grande école nationale supérieure en lien avec le potentiel technopolitain et de recherche fondamentale déjà installé à Caen.
Mais il faudrait surtout que CAEN et LE HAVRE puissent coopérer enfin clairement en créant un pôle métropolitain commun de part et d’autre de l’Estuaire pour dialoguer d’égal à égal avec la future métropole capitale régionale rouennaise…
Sauf que nous en prenons guère le chemin hélas si devait se confirmer la volonté de l’actuelle majorité municipale caennaise de créer autour de l’agglomération de Caen la Mer, un pôle métropolitain en propre ! Si tel devait être le cas, nous risquerions d’ajouter le ridicule à la confusion alors que depuis des années, le cas d’école normand d’une métropole tripolaire inspire toutes les initiatives gouvernementales en matière de coopération métropolitaine, à commencer par la loi de 2010 sur les pôles métropolitains !
De toute façon, le suspense « capital » et normand ne fait que débuter ! Il ne pourrait prendre fin qu’au 1er juillet 2016 au plus tard, date à laquelle le Conseil d’Etat pourrait fixer par décret la ville siège de l’hôtel de région au cas où la nouvelle assemblée régionale issue des prochaines élections de décembre 2015 n’aurait pas pu s’entendre sur le nom d’une ville siège avec une majorité des 3/5ème, sachant qu’en cas de désaccord, la pluralité des sites d’exercice du conseil régional pourrait être maintenu ! (Merci encore au député PRG du Calvados Alain Tourret pour avoir discrètement glissé l’amendement indispensable !)
Mais comme il y a tout lieu de craindre que l’actuelle majorité régionale risque de ne pas être aux affaires après les élections régionales de décembre 2015, pas sûr que l’hégémonisme rouenno-rouennais si indispensable à l’équilibre intellectuel de quelques élus fabiusiens ne soit si … sûr que cela !
Notons enfin pour être complet que dans le texte de loi dont l’examen parlementaire se terminera le 20 décembre prochain, la notion de « chef lieu » concerne la ville siège de la préfecture régionale et ne concerne pas la ville où pourrait siéger le futur conseil régional: si la nouvelle majorité régionale issue des élections de décembre 2015 voulait se réunir ailleurs qu’à Rouen, la loi (en l’état actuel du texte) pourrait le permettre…
En attendant, la fin de ce suspense insoutenable, rappelons que 50% des populations normandes vivent bien loin des agglomérations caennaise, havraise et rouennaise (Paris- Normandie 05/12/14)
Enfin, signalons la tenue d’un grand raout décentralisé « en région » organisé à Rouen par le quotidien parisien Libération qui aura lieu le mardi 16 décembre 2014 sur le thème: « La France des métropoles, demain, des villes mondiales? »
Il faudrait faire trainer des oreilles normandes à cette réunion pour s’assurer que l’on ose enfin parler de Normandie dans la nouvelle métropole rouennaise…
http://www.liberation.fr/evenements/11-la-france-des-metropoles/
La France des métropoles
16 décembre 2014
Programme des débats
L’objectif du Forum Libération de Rouen est de donner une réalité à la métropole, pour que ses habitants s’approprient ce nouveau territoire.
Avec l’adoption de la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles en janvier 2014, la France a entériné le fait urbain en créant une nouvelle collectivité territoriale : la Métropole.
Dans la démarche du législateur, il s’agissait d’abord de constater un état de fait : l’émergence de grandes agglomérations intégrées. Mais aussi de noter que ces agglomérations sont désormais soumises à une concurrence importance des autres métropoles européennes. Onze métropoles, établissements publics de coopération intercommunale, ont donc été créées par la loi pour être des outils au service de la croissance.
Qu’est-ce qui caractérise une métropole ?
Sa taille d’abord, avec une population d’au moins 400000 habitants. Mais aussi des fonctions métropolitaines diversifiées, allant de l’économie à la formation en passant par la culture. La métropole efficace est un espace de solidarité qui développe des approches économiques, sociales, environnementales et culturelles. Elle est le moteur du territoire qui l’entoure mais aussi l’un des maillons du réseau métropolitain français et européen. Elle est un soutien à l’activité des entreprises et à leur créativité. Avec des compétences renforcées, transférées par les communes qui en sont membres mais aussi par l’Etat, la métropole doit pouvoir tenir son rang dans la compétition internationale et offrir à ses habitants le cadre de leur parcours de vie.
Tous ces enjeux seront abordés à l’occasion du Forum Libération qui se tiendra mardi 16 novembre au 106. Le 1er janvier 2015, Rouen Métropole Normandie remplacera la CREA (Communauté d’agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe). L’objectif du Forum Libération est de donner une réalité à cette métropole, afin que les habitants s’approprient ce nouveau territoire.
Intervenants