Plan de Déplacement urbain (PDU)
Déclaration de Frank Prouhet
Elu Canteleu 100% à gauche et NPA
sur le vote du PDU en conseil municipal
Nous devons voter aujourd’hui le PDU, le plan de déplacement urbains, un document qui touche au quotidien des habitants de l’agglomération rouennaise, avec plus de 2,5 millions de déplacements urbains quotidiens, mais un document qui devrait être aussi au cœur des grandes questions de société. Le réchauffement climatique d’abord, puisque les transports représentent 27% des émissions de gaz à effet de serre et que le GIEC, le groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat, qui se réunit ces jours-ci à Stockholm pour sa 5ème conférence, nous annonce une catastrophe climatique.
Mais aussi les questions de santé. Dans notre agglomération en cuvette, qui souffre plus qu’une autre de la pollution, des embouteillages sans fin, aggravés par la fermeture du pont Mathilde, le constat est alarmant. Lors de notre dernier conseil municipal, j’avais déjà évoqué l’étude du Programme de surveillance Air santé 9 villes, dont Rouen, qui démontrait que la diminution par deux de la pollution atmosphérique permettrait d’éviter chaque année 54 décès dans notre agglomération. Là je vous citerais l’étude Aphekom 2004-2006, réalisé par l’Institut national de veille sanitaire, et qui démontre que la diminution par deux des particules fines à Rouen, émises essentielles par les véhicules diesel, permettrait à chacun de nous de vivre 4,8 mois supplémentaires, et d’éviter chaque année environ 110 décès.
Disons le tout de suite, ce PDU n’est pas à la hauteur de ces enjeux, et je voterais donc contre lui. Alors qu’il faudrait massivement basculer vers les transports en commun dans notre agglomération, c’est tout le contraire qui est fait. Ils ne représentent que 145 à 160 000 déplacements quotidiens sur les 2,5 millions de déplacements dans notre agglomération! Et avec ce PDU ce n’est pas prêt de changer.
D’abord par le vote récent des élus du Parti socialiste à la CREA, qui viennent d’augmenter en septembre les tarifs des transports en commun de la TCAR. La hausse concerne les abonnements, et ça fait mal : + 15 euros pour l’abonnement annuel adulte (qui passe de 415 à 430 euros); + 7,5 euros pour l’abonnement « tarifs sociaux » (qui passe à 215); + 3 euros pour celui des moins de 12 ans et + 5 pour les moins de 17 ans… Ces tarifs avaient déjà flambé en 2012 (+9% pour l’abonnement annuel) ! Les plus pénalisés sont les abonnés qui sont les plus utilisateurs, par choix ou par nécessité, des bus et du métro. Un choix qui tourne le dos au choc de la gratuité, qui en ces temps de crise, peut faire basculer massivement vers les transports en commun. Un choc nécessaire, indispensable même, comme le réclame le collectif pour les transports gratuit, mais un choc insuffisant et qui doit s’accompagner d’investissements massifs pour améliorer, en lien avec les habitants, les usagers et leurs besoins, les amplitudes horaires, les cadencements, les dessertes, l’interfaçage… des différents moyens de transports.
Pour aller vers le choc de gratuité, pour affirmer que la vraie priorité ce sont les transports en commun, il faut trouver seulement 21 millions d’euros. 21 millions d’euros, c’est le montant de la billeterie, c’est à dire ce que les usagers paient avec leurs tickets, abonnements, soit seulement 22% du budget de fonctionnement de la TCAR. Vous me dites souvent que je rêve. Vous aussi j’espère. Mais on peut rêver et avoir les pieds sur terre, dire aussi comment trouver ces 21 millions d’euros.
Mr le Député Maire, vous pouvez au Parlement, proposer de majorer la taxe transport des entreprises, vous pouvez supprimer aussi le plafond de cette taxe transport. Un choix politique… écologique, et qui pourrait financer la gratuité et les investissements nécessaires pour développer les transports publics gratuits.